L'inculpation et l'audition par la commission d'enquête sur l'assassinat de Hariri d'anciens chefs de la sécurité libanaise ne sont pas une surprise. La veille, le président syrien devait affirmer sa disponibilité à coopérer avec la commission internationale. Vingt-quatre heures après la déclaration du président syrien Bachar El Assad, la commission d'enquête internationale sur l'assassinat de Hariri a auditionné trois responsables libanais pro-Syriens soupçonnés d'implication dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais. Ces responsables, tous anciens chefs des services de sécurité, ont été présentés en état d'arrestation au siège de la commission à Monteverdi, au nord-est de Beyrouth. Le quatrième responsable, le chef de la Garde présidentielle, le général Moustapha Hamdane, lui aussi sous le coup d'un mandat d'arrêt, s'est présenté de lui-même devant la commission que préside le magistrat allemand, Detlev Mehlis. La commission internationale, organisée sous l'égide des Nations unies, à l'initiative des Etats-Unis et de la France, avait signé avec les autorités libanaises un mémorandum stipulant qu'elle pouvait demander à la justice libanaise l'émission de mandats d'arrêt contre des personnes qui seraient impliquées dans l'assassinat de Hariri. La commission a déjà interrogé plus de 240 personnes en tant que témoins. Les officiers pro-Syriens, contraints de quitter leurs postes à la suite de l'assassinat de Hariri avant d'être inculpés, sont les anciens chefs de la Sûreté générale : le général Jamil el-Sayed, des Renseignements de l'armée, le général Raymond Azar de la Sécurité intérieure et le général Ali Al-Hadj. L'ancien ministre et ancien député, Nasser Qandil, proche de la Syrie, fait également l'objet d'un mandat d'arrêt. Les services de sécurité ont perquisitionné son domicile alors qu'il se trouve actuellement à l'étranger. Des mandats d'arrêt contre d'autres personnes ont également été émis. Le mouvement s'est emballé après le lâchage des pro-Syriens par Damas et suite à la rencontre entre le juge allemand et le Premier ministre libanais Fouad Siniora et une entrevue avec son ministre de la Justice, Charles Rizk. La commission Dehlis avait, par ailleurs, rencontré à Genève des officiers syriens des renseignements qui se trouvaient en poste à Beyrouth au moment de l'attentat, selon l'ONU. Le Conseil de sécurité des Nations unies avait appelé la semaine dernière la Syrie, sans toutefois la nommer, à apporter sa pleine coopération à l'enquête après avoir entendu un rapport sur la progression des travaux de la Commission d'enquête. Rafic Hariri a été assassiné le 14 février dans un attentat à l'explosif à Beyrouth, qui avait coûté la vie à au moins 18 autres personnes. Il avait été imputé par l'opposition anti-syrienne aux régimes libanais et syrien. L'assassinat de Hariri avait accéléré le retrait des troupes syriennes qui se trouvaient au Liban depuis vingt-neuf ans. Elles ont quitté le pays fin avril conformément à la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU. La commission Mehlis avait été créée par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1595 le 7 avril. Sa mission doit se terminer le 15 septembre. D. Bouatta