Le Premier ministre irakien Ibrahim Jaâfari reproche à la Ligue arabe son désintérêt pour son pays. “J'ai dit à son secrétaire général, Amr Moussa, lors d'une conversation téléphonique que son organisation tarde beaucoup à s'intéresser au peuple irakien”, devait-il s'indigner lors de son dernier conseil du gouvernement, déplorant l'absence d'envoyés arabes alors que les responsables d'autres pays n'arrêtent pas de défiler à Bagdad. Pour Jaâfari, cette absence est une attitude réfléchie traduisant plus qu'un manque d'intérêt. Par leur absence en Irak, les régimes arabes marquent, selon lui, leur désapprobation de l'expérience politique irakienne. Amr Moussa n'avait-il pas demandé le 25 août dernier des explications au gouvernement irakien concernant l'article du projet de Constitution sur l'arabité du pays ? “Nous avons demandé une explication au gouvernement irakien sur ce texte, qui nous a perturbés au plus haut point”, avait-il alors déclaré. Alors que les Kurdes, qui représentent la deuxième force au Parlement irakien, avaient exigé que seule la communauté arabe soit mentionnée dans le texte comme faisant partie de la nation arabe, le projet de Constitution stipule, dans sa version finale, que l'Irak, “membre fondateur de la Ligue arabe de 22 membres, fait partie du monde musulman et que son peuple arabe fait partie de la nation arabe”. Mais le fédéralisme que prône la Constitution post-Saddam, constitue une source d'inquiétudes pour la plupart des régimes arabes dont l'autorité est fondée sur un pouvoir central exclusif. Des sunnites, hostiles au fédéralisme, tentent de forger un front contre ce texte. Leur négociateur, dans le projet constitutionnel, se dit assuré de la coopération du bouillonnant chef radical chiite Moqtada Sadr, qui fait reparler de lui. Dans ce climat électrique, est annoncé le procès de Saddam Hussein, qui pourrait s'ouvrir dans les deux prochains mois, selon le Tribunal spécial (TSI), composé de magistrats irakiens et mis en place par les Américains. En juillet, l'ancien président, chassé du pouvoir en avril 2003, avait été inculpé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. D. B.