Pierluigi Collina allie ses particularités physiques à un incontestable talent qui lui ont valu d'être le plus médiatique des hommes en noir tout en étant considéré comme le meilleur arbitre de la planète football. “Je n'essaie pas de démontrer que mes décisions sont toujours les bonnes, chacun restant libre de penser comme il le veut. Mais j'entends défendre l'autonomie de décision et l'honnêteté des arbitres”, affirme dans son autobiographie intitulée Mes règles du jeu Collina, qui continuera à arbitrer les matches internationaux jusqu'à la fin de l'année. Cependant, la FIFA a décidé lundi passé de le remplacer par l'Anglais Graham Poll pour le match Espagne-Serbie-Monténégro le 7 septembre à Madrid. En 28 ans de service, Collina s'est forcément trompé à quelques reprises. Il savait toutefois faire admettre ses décisions en se basant “sur le règlement”, mais aussi en faisant “preuve de bon sens”, à l'image de ce match Foggia-Bari où les deux équipes ont joué les 90 minutes sans changer de côté pour éviter aux gardiens d'être victimes de jets d'objets des supporteurs adverses. Ce bon sens, une conviction et un charisme certains ont contribué à le faire respecter de la plupart des joueurs comme des plus hautes instances qui l'ont élu six années de suite meilleur arbitre au monde, désigné pour les plus grands matches ou rencontres à hauts risques des Coupes du monde 1998 et 2002 en passant par les Euros 2000 et 2004, les finales de Ligue des champions ou quelques cadeaux empoisonnés en forme de derbies ou rencontres sous haute tension. L'aspect physique de ce Bolognais facilement reconnaissable l'a ensuite aidé à devenir une star, les téléspectateurs se rappelant forcément de sa calvitie, de ses yeux bleus presque désorbités et aussi de ses mimiques et gestes théâtraux. Toutefois, l'impact médiatique de ce conseiller financier de 45 ans, qui avait bénéficié d'une rallonge de service en Italie, a fini par être sa perte ou du moins l'enrichissante cause de sa retraite. L'image parfaite avait fini par se craqueler. Image d'Adidas, il était soupçonné par Nike. Ami des stars, il inspirait moins confiance aux sans-grade qui le voyaient rigoler avec les Raul, Beckham, Del Piero ou Totti avant le coup d'envoi d'une rencontre. Publicités pour des marques de vêtements ou pour du fromage, Collina s'était multiplié dans les espaces publicitaires, les annonceurs désirant s'attacher son image à la fois sympathique et respectée. Ce trop-plein et un conflit d'intérêt avec un contrat de un million d'euros pour Opel, sponsor du Milan AC, ont finalement conduit l'arbitre sur la touche. Collina aura, sans doute, largement contribué à faire évoluer l'image de l'arbitre, prouvant que l'homme en noir n'était pas forcément issu d'une engeance peu recommandable et pouvait être à la fois juste et plaisant. Il aura toutefois échoué dans sa dernière quête : celle de faire accepter aux dirigeants du football que les arbitres pouvaient comme les joueurs profiter de la manne du ballon rond en faisant de la publicité.