Les manifestants qui ont dénoncé une justice aux ordres et le musellement des médias, ont longuement entonné des slogans à la gloire des détenus d'opinion exigeant leur libération. Le spectre du coronavirus n'a pas influé sur la détermination des Constantinois à maintenir le cap avec la mobilisation citoyenne contre le maintien du régime politique actuel en place. Hier, ils étaient encore des milliers à braver les risques de contagion, manifestant en rangs soudés pour le changement radical du système. D'ailleurs, l'on a vu rarement une foule aussi compacte et un engagement aussi ferme de la part des marcheurs. Aussi, l'épidémie du Covid-19 qui frappe la planète entière aura été l'un des thèmes les plus en vue de ce 56e vendredi de manifestations pacifiques contre le pouvoir politique accusé entre autres, d'instrumentaliser la pandémie de coronavirus pour dissuader les activistes du hirak de poursuivre leurs marches et rassemblements. À travers leurs slogans, chants ou pancartes les marcheurs ont plutôt désigné les bastions des décideurs du moment comme foyers de tous les maux du pays, coronavirus ou encore la peste y compris. Ce fut en quelque sorte, une réponse citoyenne aux récentes mesures préventives prises par le pouvoir pour endiguer la propagation de la maladie et une façon de dire que le hirak est à jamais immunisé contre les louvoiements d'ordonnateurs discrédités de par leurs accointances avec le cercle du président déchu. "Le hirak continue", pouvait-on lire sur une grande banderole portée par les marcheurs qui ont soutenu que rien ne les arrêtera tant que les revendications essentielles du soulèvement populaire du 22 février ne sont pas satisfaites. Très peu d'entre eux ont daigné, d'ailleurs, porter un masque de protection pour la circonstance ou même de se plier aux précautions d'usage, laissant libre court à la promiscuité qui demeure la marque de fabrique du hirak. Pendant plus de trois heures, la marée humaine a imposé le respect aux agents du service d'ordre qui quadrillaient l'itinéraire de la marche.D'abord par l'exemplarité du civisme puis par les tonnerres d'applaudissements repris par intermittence, lorsqu'il s'est agi de réitérer des slogans fétiches du hirak tels que "Dawla madania machi âaskaria". Les manifestants ont également dénoncé une justice aux ordres et le musellement des médias.