Les Français se sont réveillés hier désarçonnés par les mesures annoncées la veille par le président Emmanuel Macron pour limiter la propagation du coronavirus dans l'Hexagone. Beaucoup se sont précipités dans les grandes enseignes de distribution, pour faire des stocks de produits alimentaires (pâtes, farine, lait, eau minérale…) et d'hygiène, en perspective d'un éventuel confinement, sur le modèle italien. Pour l'heure, les personnes de plus de 70 ans et les malades chroniques sont invités à rester chez eux, pour éviter d'être contaminés. Des millions d'élèves et d'étudiants sont également renvoyés chez eux à cause de la fermeture dès lundi et ce, jusqu'à nouvel ordre des établissements scolaires et des universités, à travers tout le territoire. Dans une allocution télévisée jeudi soir, le chef de l'Etat français a évoqué "la plus grande crise sanitaire depuis un siècle". Face à la propagation fulgurante de la maladie, le gouvernement a dû renforcer les capacités d'accueil dans les hôpitaux en réquisitionnant les praticiens retraités et les étudiants en médecine. Parmi les personnels soignants, des dizaines ont déjà contracté le virus. Le coronavirus qui était concentré dans certains foyers (le Morbihan, le Haut-Rhin, l'Oise ou la Corse) est maintenant disséminé sur tout le territoire français. Même si les transports sont toujours assurés pour le moment, les salariés sont invités à privilégier le télétravail. Sur le plan économique, l'Etat a prévu des milliards d'euros pour soutenir les entreprises impactées par l'épidémie. Des dispositifs de financement du chômage partiel, sont notamment mis en place. Quatre-vingt mille salariés sont déjà concernés. La crise du coronavirus touche aussi les secteurs de la culture et du sport. Toutes les festivités, les spectacles ainsi que l'ensemble des matchs relevant du championnat national de football ont été annulés. S'agissant des déplacements à l'étranger, l'Etat français n'envisage pas pour l'instant, de fermer les frontières. Emmanuel Macron a fait savoir qu'une telle mesure doit être prise à un niveau européen. Dans une allusion à la décision de président américain, Donald Trump, d'interdire l'entrée du territoire US aux ressortissants européens (à l'exception des Britanniques), il a appelé à ne pas "céder au repli nationaliste". Macron tient aussi, au niveau interne, à l'organisation des élections municipales qui devront se tenir demain. Face à la polémique provoquée par le maintien de ce scrutin, le gouvernement s'est appuyé sur l'avis du Conseil scientifique qui a fait savoir que l'opération de vote ne comporte pas de risques. "Nous veillons à ce que la continuité de la vie démocratique puisse être garantie", a, de son côté, expliqué le Premier ministre Edouard Philippe.