Hier était une journée de hausse pour le pétrole. Vers 10h20 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai valait 30,23 dollars à Londres, en hausse de 6,18% par rapport à la clôture de jeudi. À New York, le baril américain de WTI pour livraison en avril, dont c'est le dernier jour de cotation, gagnait 7,73%, à 27,17 dollars. Le prix est ainsi remonté, non pas que l'Opep et ses alliés aient fait un geste fort allant dans le sens de la stabilisation des marchés, mais plutôt parce que les producteurs américains (les Texans) réagissent à la chute des cours et envisagent de réduire leur production pour la première fois depuis les années 1970. Il s'agit là d'une nouvelle donne stratégique qui est en train de se dessiner. Selon le Wall Street Journal, plusieurs dirigeants du secteur pétrolier ont contacté les membres de la "Texas railroad Comission", qui réglemente l'industrie pétrolière américaine, pour demander une aide à la suite de l'effondrement récent des prix du brut. Les Etats-Unis semblent être prêts à intervenir sur le marché. Et la question a été évoquée à un niveau élevé de la hiérarchie qui préside à la prise de décision. C'est, en effet, le président Donald Trump qui s'empresse de mener le bal, affirmant, jeudi dernier, que son pays pourrait intervenir. "Nous avons beaucoup de pouvoir sur la situation et nous essayons de trouver une sorte de terrain d'entente", a assuré le président américain, lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche. Il a ajouté que la situation est "dévastatrice pour la Russie" dont l'économie dépend des cours du brut et qu'elle est tout aussi "mauvaise pour l'Arabie saoudite". "Ils (l'Arabie saoudite et la Russie) sont entrés dans une guerre des prix, de la production, et au moment opportun, j'interviendrai", a-t-il déclaré. L'effondrement des cours du brut représente un coup de massue pour le pétrole de schiste aux Etats-Unis. Déjà lourdement endettés, de nombreux opérateurs pourraient ne pas s'en relever. Riyad et Moscou se livrent une guerre des prix depuis l'échec de leurs négociations lors de la réunion de l'Opep+ (une alliance composée de pays Opep et de pays non-Opep dont la Russie) tenue début mars à Vienne. À la suite de cet échec, l'Opep et ses alliés ont tourné le dos à l'accord de limitation de production, l'Arabie saoudite et la Russie produisant autant qu'elles le désirent. Cela a plongé l'Opep dans des abîmes d'incertitudes. Elle ne sait pas quoi faire face à un marché volatile regorgeant de pétrole, alors que la demande ne cesse de baisser, sous l'effet de la propagation de l'épidémie de coronavirus. Ainsi, la tendance est au retour de l'exubérance. Cela entraîne forcément une baisse très marquée des prix de l'or noir. Mais jusqu'où peut aller la détérioration des marchés ? Des experts se montrent prudents, en estimant qu'il y a peu de chance qu'il y ait remontée durable des cours dans l'immédiat.