Inéluctablement, le cèdre de l'Atlas à cime pointue, ce symbole de majesté et de force, est en train de périr doucement et progressivement sans crier gare. Chaque jour, ces cèdres aux troncs rugueux, très droits, très hauts, succombent aux attaques d'insectes comme les scolytes, aux incendies, à la déforestation et au vieillissement. Le compte à rebours de l'extinction de cette espèce a commencé et la situation plaide pour une intervention urgente pour sauver ce patrimoine naturel unique au monde. La conservation des forêts de la wilaya de Batna, dans un rapport présenté à une séance de l'Assemblée populaire de la wilaya au mois de mai 2003, évalue la superficie des cèdres à 11 000 ha. Malheureusement, les avis se recoupent que cette superficie de cèdres serait en train de se réduire sans pour autant déterminer l'ampleur des dégâts occasionnés à cette richesse naturelle. “On ne peut chiffrer avec exactitude les dégâts provoqués à ces arbres très rares. Tout ce que l'on peut affirmer est que les déperditions et les dommages sont très sévères et sérieux”, nous confie un cadre forestier. Des rapports et des écrits de la presse ont plusieurs fois alerté l'opinion publique sur le danger réel qu'encourt la cédraie des Aurès, mais, à l'horizon, les choses ne semblent pas venir et prennent du temps. En plus des incendies, de la sécheresse, de la déforestation et du vieillissement, les cèdres ont aussi beaucoup souffert des maladies qui, faute de soins, se sont beaucoup propagées à toutes les forêts. Nul ne peut renseigner sur l'ampleur des dégâts, faute d'une étude récente, mais toutes les personnes consultées parmi le personnel des forestiers reconnaissent l'ampleur des dégâts et l'absence d'une opération de lutte efficace. “Certes, des opérations de lutte étaient organisées, mais elles n'étaient pas équipées en moyens humains et matériels adéquats pour éradiquer ces maladies, qui, malheureusement, continuent à enregistrer des dégâts parmi les arbres et spécialement parmi les cèdres”, nous fait remarquer notre interlocuteur. Dans le rapport sur les forêts de la wilaya, présenté lors d'une assemblée populaire de la wilaya, sous le sous titre “Les maladies parasitaires”, ses concepteurs écrivent : “En ce qui concerne les variétés des arbres touchés, nous trouvons le cèdre en première position avec quatre maladies, puis vient le pin d'Alep avec deux maladies et en dernier lieu, le chêne-vert avec une maladie.” Les quatre maladies causant le plus de dégâts au cèdre sont thaumetopoea, bonjeani powel, megastigmus pinsepenis fabre pintureau, epinotia, cedricida, diak, cedrobium, lapottei. Elles sont repérées en nombre surtout dans la forêt de Belezma et de Z'gag. La situation des cèdres ne semble pas s'améliorer, ils dépérissent faute de soins. Au regard de ces facteurs qui ont fait subir des dommages inquiétants aux cèdres, d'autres agents ont même favorisé ce maintien de faits et fait échouer toutes les bonnes volontés de sauvegarder ce patrimoine forestier. La volonté de bien faire et de sauvegarder le cèdre semble ne plus suffire devant des exigences humaines, matérielles et financières qu'exige l'entretien de l'envergure de ce patrimoine forestier d'une superficie totale de 297 000 hectares. “Nous voulons bien nous occuper aussi bien du cèdre que de toutes les variétés d'arbres, mais le manque de moyens a limité notre intervention, plutôt, ils nous a empêché de voir plus loin une opération de repeuplement ou de régénération de la forêt par plantation ou par semis. Même le problème sécuritaire a réduit nos interventions à quelques observations, sans plus”, nous confie notre source. Tous les témoignages se recoupent que les cèdres n'ont pas bénéficié de la sauvegarde indispensable et que l'état de certains d'entre eux est lamentable. Certains bruits courent qu'un programme de sauvegarde et de repeuplement de la cédraie des Aurès sera lancé au mois de septembre prochain. B. Belkacem