Comme elle l'avait annoncé lors d'une émission télévisée, Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs, a débuté sa campagne favorable à la charte pour la paix à Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira, pour plusieurs raisons qu'elle a résumées dans le fait que “cette région, qui avait enduré pendant la décennie noire les affres de la violence et de la répression et qui fut un exemple dans la résistance, mérite d'avoir, aujourd'hui, l'honneur d'être le point de départ d'une campagne pour la paix en Algérie”. La double composante linguistique qui caractérise la wilaya de Bouira est un autre motif du choix de Mme Hanoune qui annonçait d'emblée que l'unité du peuple algérien ne passait pas seulement par le règlement de la question sécuritaire, mais aussi par le bannissement de toute force de mépris et d'exclusion dans notre pays et que la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle cristallisera cette volonté d'instaurer la véritable démocratie qui consacrera et protégera la liberté des uns et des autres. “La paix en Algérie est une affaire capitale qui concerne tout le monde. Beaucoup de citoyens ont été touchés de près par les crimes et les dépassements perpétrés pendant quatorze ans de guerre interne”, a-t-elle entamé son long discours devant un public qui garde toujours les stigmates d'un passé douloureux. Et d'enchaîner : “Nous avons toujours mis en garde le pouvoir contre la dérive dont nous avions constaté les prémisses dès 1991 avec le licenciement abusif des travailleurs.” Expliquant sa position vis-à-vis de la charte pour la paix, la première responsable du PT a tenu à préciser que celle-ci ne porte pas de projet de société, mais qu'elle est une simple initiative dont elle salue et soutient le principe de l'instauration de la paix malgré l'opposition de son parti à bien des points dans ce projet. L'approche sécuritaire que l'on fait de la crise algérienne ne suffit pas, selon Mme Hanoune, pour y remédier de manière radicale. D'autres approches et d'autres mesures sont nécessaires, qui permettront d'élucider ce qu'elle appelle les zones d'ombre qui cernent quelques questions sensibles comme celle des disparus et des crimes perpétrés dans des circonstances particulièrement vagues. Ces mesures feront appel à d'autres étapes et initiatives ultérieures qui compléteront et parachèveront le projet de la paix. Ce processus conçu par la travailliste ouvrira, d'après ses propos, les horizons à la classe politique et au peuple pour contribuer efficacement à l'édification d'un Etat de démocratie où le peuple exprimera son opinion en toute liberté, sans contrainte aucune. L'autre raison de l'adhésion du PT au projet de la charte pour la paix est la crainte d'une internationalisation contre laquelle le parti a toujours mis en garde, et dont les retombées seraient la perte de souveraineté et la dépendance politique et économique. À propos de la souveraineté de l'Etat, celle-ci demeure subordonnée à une nationalisation entière des richesses naturelles du pays pour en disposer librement et en faire profiter le peuple en premier lieu, a estimé la conférencière qui a tenu à alerter l'opinion publique du danger qui guette l'économie nationale et la stabilité du pays du fait du marchandage dont font l'objet les richesses naturelles, allant jusqu'a défendre la faisabilité d'un référendum sur les hydrocarbures. Lors de son meeting, Mme Hanoune a également déploré le travail des mineurs en décrivant ce phénomène comme étant l'une des retombées de la détérioration du pouvoir d'achat et de crise multidimensionnelle qu'a endurées notre pays du fait de l'insécurité, un phénomène tout à fait contraire à l'essence démocratique d'un pays. “Un enfant qui travaille au lieu d'étudier n'est pas libre et ses parents non plus !”, s'est-elle écriée. Slimane Allouche