Le saxophoniste camerounais est décédé hier dans un hôpital parisien, après avoir contracté le Covid-19. C'est le premier artiste disparu des suites du coronavirus. Le musicien et chanteur "légende de l'afro-jazz" Manu Dibango est décédé dans la matinée d'hier dans un hôpital parisien (France). Ayant contracté le Covid-19, le 18 mars, l'artiste a succombé à la maladie à l'âge de 86 ans. L'annonce a été faite mardi par ses proches sur sa page facebook, dans laquelle était mentionné : "Chers parents, chers amis, chers fans, une voix s'élève au lointain… C'est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition de Manu Dibango, notre Papy Groove, survenue le 24 mars 2020 à l'âge de 86 ans, des suites du Covid-19. Les obsèques auront lieu dans la stricte intimité familiale, et un hommage lui sera rendu ultérieurement dès que possible." Pour rappel, dans une publication précédente, soit mercredi dernier, dans un post plus rassurant, sa famille avait indiqué : "Cher public, chers amis, nous portons à votre information qu'après une récente hospitalisation due au Covid 19, Manu Dibango se repose et récupère dans la sérénité. Il vous demande de respecter son intimité. Il se réjouit d'avance de vous retrouver prochainement et vous demande, en cette période troublée que nous traversons tous, de bien prendre soin de vous." Suite à l'annonce de sa disparition, les internautes ont exprimé leur tristesse et leur désarroi sur les réseaux sociaux. Qu'ils soient mélomanes ou professionnels de la musique, ils étaient unanimes sur le "talent", le "génie" et l'apport de Dibango au "world jazz". Très affecté, le chanteur Youssou Ndour a tweeté : "Oh non, pas toi Manu Dibango. Je n'ai pas les mots pour traduire toute ma tristesse. Tu as été un grand frère pour le Cameroun et pour l'Afrique tout entière. Une immense perte ! RIP le roi de la Makossa et génie de la saxo." Pour sa part, la chanteuse béninoise Angélique Kidjo a témoigné : "Cher Manu, tu as toujours été là pour moi depuis mes débuts à Paris sur l'album Logozo jusqu'à cette répétition de soul makossa il y a juste deux mois pour la préparation de mon dernier concert. Tu es l'authentique géant de la musique africaine et une personne si belle et si forte." L'écrivain franco-congolais Alain Mabanchkou a rappelé qu'"en grand amoureux de la culture, Manu Dibango était présent à l'un de mes cours au collège de France en 2016. Nous perdons l'un des artistes les plus doués de notre temps". Quant à Audrey Azoulay, directrice générale de l'Unesco, elle a tweeté : "Toujours aux aguets derrière ses lunettes noires, Manu Dibango avait inventé, joué et vécu les rythmes du monde et soutenu les libertés. Sa musique a rapproché les continents, l'Afrique, l'Europe et l'Amérique. L'Unesco perd un grand artiste pour la paix, un ami et un défenseur des droits." Manu Dibango est né en 1933 à Douala (Cameroun), il commence sa carrière de saxophoniste dans les années 50, mais connaît le succès en 1972, à la sortie du tube légendaire Soul Makossa – sur la face B d'un 45 tours – devenu l'hymne de la Coupe d'Afrique des nations de la même année. Il est repéré par un DJ new-yorkais, suite à cela il enchaîne les succès, les albums et les tournées mondiales. Connu pour son engagement dans plusieurs luttes, notamment la faim dans le monde, il est nommé en 2004 "artiste de l'Unesco pour la paix". Malgré son âge, "Papy Groove" était charismatique et aussi vigoureux et talentueux qu'à ses débuts. D'ailleurs, il avait enchaîné, l'an dernier, une tournée pour ses 60 ans de carrière. Concernant l'Algérie, il avait un rapport indéfectible avec le pays dans lequel il a séjourné durant plusieurs mois en 1972, et qui lui a inspiré le titre Night in Zeralda. Son dernier concert à Alger date de 2009. Les fans peuvent adresser leurs condoléances sur l'adresse : [email protected].