Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme ont dénoncé le traitement judiciaire réservé à Karim Tabbou, lors de son procès en appel tenu avant-hier à la Cour d'Alger. La directrice d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord a exhorté les autorités algériennes à annuler la condamnation de Karim Tabbou, estimant que c'est un "message effrayant aux manifestants, y compris aux militants politiques et autres militants de la société civile ; toute personne qui ose s'opposer ou critiquer le gouvernement sera punie". Amnesty International pense que la Cour d'appel d'Alger a condamné, avant-hier, Karim Tabbou "à une peine d'un an de prison ferme et une amende de 50 000 dinars algériens sur la base d'accusations forgées de toutes pièces relatives à ‘l'incitation à la violence' et à ‘l'atteinte à la sécurité nationale' suite à ses discours publiés sur la page facebook de son parti politique". Cette ONG a en outre appelé à la libération de l'ensemble des détenus d'opinion, rappelant qu'en cette période de pandémie de Covid-19 où "des gouvernements du monde entier tentent de vider leurs prisons, les autorités algériennes doivent libérer tous ceux et celles qui sont emprisonnés uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression et de manifestation". L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme a lui aussi relevé que "l'acharnement judiciaire à l'encontre des manifestants du hirak se poursuit en Algérie, avec la condamnation en appel de Karim Tabbou". Karim Tabbou, qui devait quitter la prison aujourd'hui après avoir purgé une peine de six mois, a fait face encore une fois, soutient l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, à "un simulacre de procès qui s'est déroulé dans des circonstances à peine croyables, les avocats de la défense n'ayant pas été informés au préalable de la tenue de l'audience". Et d'étayer : "Présenté devant le juge sans représentant pour la défense, M. Karim Tabbou a refusé de comparaître, faisant valoir le droit à un procès équitable en vertu du droit algérien ainsi que des conventions internationales ratifiées par ce pays. Le juge lui a refusé ce droit et a insisté pour que l'audience se poursuive." Pour la présidente de la FIDH, "les événements qui se sont produits à la Cour d'Alger sont en contradiction totale avec les droits humains les plus élémentaires et mettent en lumière des dysfonctionnements graves ainsi que l'arbitraire de la justice algérienne." Le SG de l'Organisation mondiale contre la torture a estimé que "le gouvernement algérien porte l'entière responsabilité, en vertu de la Convention des Nations unies contre la torture, de l'intégrité physique et du bien-être psychologique de Karim Tabbou. Nous appelons à sa libération immédiate". Nissa H.