Kiosques fermés, distributeurs à l'arrêt et lecteurs confinés pour cause de coronavirus. À l'instar des autres secteurs d'activité, la presse papier vit des moments extrêmement difficiles. Depuis le début de la crise du Covid-19 en Algérie, plusieurs distributeurs de presse et des buralistes ont cessé ou ont ralenti leur activité. La situation s'est subitement aggravée depuis l'annonce des premières mesures de confinement. La plupart des buralistes ont tout simplement décidé de ne pas ouvrir bien avant l'annonce par les autorités de la fermeture des "commerces non essentiels". "Beaucoup de distributeurs et de buralistes avaient fermé depuis plusieurs semaines", révèle Saïd Chekri, directeur de la publication, gérant du quotidien Liberté. En effet, des distributeurs et beaucoup de buralistes ont cessé leur activité de peur d'être contaminés par le virus. Ce confinement du personnel des sociétés de distribution a entraîné l'arrêt de la distribution, un chaînon très important dans la vente des journaux. Face à cette situation, les responsables des journaux s'adaptent. Tout en indiquant "comprendre" l'attitude des distributeurs et des buralistes, Saïd Chekri annonce que le journal qu'il dirige a "pris des mesures" afin de faire face à la situation. Parmi les décisions prises, figure la baisse du tirage du journal. "Nous avons tout de suite baissé le tirage pour faire face à la fermeture des buralistes et à l'arrêt de l'activité de plusieurs distributeurs. Nous adaptons le tirage en fonction de la disponibilité des points de vente", a-t-il indiqué. Une mesure similaire a également été prise par la direction du journal arabophone El-Khabar. "Nous avons réduit de 80% notre tirage au Centre et à l'Est. L'arrêt total de la distribution nous a malheureusement contraints de cesser carrément notre tirage à l'ouest du pays", affirme Kamel Djouzi, directeur de la publication du journal. La même situation se présente à El Watan. Son directeur de publication, Tayeb Belghiche, affirme que son journal fait "tout" pour être présent. Il regrette que malgré l'existence d'une société de distribution, des regroupeurs ne travaillent pas "faute de personnel". Mais, "nous distribuons nous-mêmes de petites quantités à l'est et à l'ouest du pays pour accompagner les lecteurs", a-t-il soutenu. Comme d'autres rédactions, les journalistes d'El Watan travaillent de chez eux. "Nous assurons le transport du personnel dont la présence dans les locaux est indispensable", indique Belghiche Malgré toutes ces difficultés, les médias travaillent toujours. À titre d'exemple, Liberté publie, désormais, l'intégralité de son édition papier sur son site internet. Mieux, "pour rester en contact avec nos lecteurs", Saïd Chekri annonce que l'édition en PDF sera désormais accessible à partir d'aujourd'hui. "Notre édition électronique travaille normalement", précise de son côté Kamel Djouzi. Pour protéger leurs employés, les directions des journaux ont adopté le télétravail. "En dehors des services techniques et de quelques responsables, les autres journalistes travaillent à partir de la maison", indiquent les deux directeurs. "Nous avons également mis une partie du personnel non rédactionnel en congé", a ajouté Saïd Chekri, le but étant de réduire au minimum la présence du personnel dans les locaux de l'entreprise.