La négligence par les institutions officielles, allusion à la chancellerie mais également au Conseil national des droits de l'homme (CNDH), des "graves violations" ayant entaché le procès du militant Karim Tabbou pourrait ouvrir la porte à d'autres "violations" et consacrer "l'impunité". Cette appréhension est de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH, aile Me Benissad) qui s'insurge contre l'intrusion du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), dont la neutralité est foulée aux pieds, appuyant la décision de la Cour d'Alger à l'encontre de Karim Tabbou. "Contrairement à ce qui était attendu, la LADDH a été surprise par les communiqués et les positions émanant d'instances officielles qui appuient et adoptent une décision, en dénaturant les faits et en interprétant mal les articles juridiques. L'exemple de l'article 347 du Code de procédure pénale sur lequel le communiqué (de la CNDH, ndlr) s'est fondé ne s'applique pas à un détenu, mais à un accusé libre. Une justification étrange", s'étonne la LADDH dans un communiqué publié tard dans la soirée de vendredi. Selon elle, la position du Conseil national des droits de l'Homme, présidé par Bouzid Lazhari, est "choquante" et soulève de nombreuses questions qui "minent profondément sa crédibilité". "L'Association s'étonne de l'intervention rapide du Conseil des droits de l'Homme dans cette affaire et en s'appuyant exclusivement sur la version de l'administration. Ceci est en contradiction avec les Principes de Paris relatifs à l'indépendance des institutions nationales des droits de l'Homme, lesquels stipulent la neutralité et l'indépendance", rappelle la LADDH. Outre l'"ignorance" des circonstances de la programmation de l'affaire du militant politique Karim Tabbou, intervenue sans informer l'intéressé et sa défense de la date de la session, le CNDH a ignoré également le "non-établissement" du jugement écrit du verdict de première instance, pièce maîtresse du dossier pour la tenue du procès en appel, détaille la LADDH. "De plus, cette programmation ne respecte pas les instructions du ministère de la Justice concernant les mesures de protection et de prévention contre la propagation du coronavirus publiées le 16 mars", rappelle encore le communiqué. C'est pourquoi la Ligue est formelle : la négligence par les institutions officielles des "graves violations" qui ont entaché le procès de Tabbou et qui portent atteinte à un ensemble de principes fondamentaux des droits de l'Homme, constituent "un effondrement des garanties nationales pour protéger les droits de l'Homme, ouvrant ainsi la porte à une série de violations et la consécration de la politique d'impunité". Par ailleurs, elle soutient que l'état de santé de Karim Tabbou, dont des avocats lui ont rendu visite, nécessite "des soins urgents et permanents". "Selon les témoignages de nombreux avocats qui ont pu lui rendre visite, ce genre de soins lui sont actuellement refusés à la prison de Koléa", déplore la LADDH.