S'il est vrai que la nature a horreur du vide, il est aussi admis que lorsque l'absence de l'état se fait sentir, la loi disparaît de facto pour laisser place à l'anarchie. Ce constat est aisément vérifiable dans le quartier de Ferhat-Bousâad (ex-Meissonnier) où les autorités semblent avoir “négocié” leur départ et laisser les lieux livrés aux jeunes venus de tous les coins de la capitale pour en faire un squat géant. “L'interdiction” de circuler imposée aux automobilistes et, ensuite, aux gens de passage sans parler des riverains qui rencontrent les pires difficultés pour rejoindre leur domicile a, par conséquent, ouvert la voie à ces jeunes pour installer un marché informel des plus anarchiques de la capitale. Que peut-on voir présentement ? Des centaines d'étals et de tables de fortune dont les propriétaires s'égosillent du matin au soir à vanter des produits douteux à des prix qui laissent sceptiques sur la qualité. Sachant que ni la police ni les agents de contrôle de la qualité ne peuvent s'aventurer dans ce “ghetto” d'affaires, les vendeurs s'arrogent le droit de fourguer leurs marchandises à des citoyens non regardants et souvent ignorants dont le souci est uniquement le prix bas du produit. En plus de cela, la sécurité des lieux n'étant plus assurée par les agents de l'ordre en raison de la cause invoquée, l'honnête citoyen ne peut que se faire tout petit en passant par cet endroit où les bagarres éclatent souvent pour une futilité. Il y a environ deux semaines, un jeune de 19 ans a été poignardé par un autre jeune à la suite d'une dispute pour une histoire de place. Mardi dernier, un jeune homme étranger qui était avec sa compagne a failli être agressé par un groupe de voyous L'étranger ne dut son salut que grâce à des citoyens qui l'accompagnèrent jusqu'à la rue Didouche. Un policier, à qui l'un des citoyens lui reprocha sa “neutralité", ne trouva d'autre réponse que de dire : “Et vous, qu'attendez-vous pour faire quelque chose?” Ce n'est certainement pas les exemples qui manquent pour illustrer la situation catastrophique que vit ce quartier. La placette aménagée pour les jeunes et les personnes âgées a été par la force détournée de sa vocation. Plus loin, en face de la sortie supérieure du CHU Mustapha, un autre marché de fruits et légumes a fini par s'imposer sous le nez et à la barbe des autorités. Un silence décrété au nom de la réconciliation nationale. Et que l'anarchie continue ! A. F.