Tous les regards seront braqués, aujourd'hui, sur l'Opep et ses alliés ainsi que d'autres pays producteurs de brut, qui doivent se réunir par visioconférence pour statuer sur une éventuelle réduction de leurs extractions. Même si tous les producteurs semblent acquis à cette idée et que les marchés sont optimistes quant à un accord sur une réduction de la production, les négociations s'annoncent néanmoins très difficiles. À la veille de la réunion, on évoque une baisse de production de 10 millions de barils par jour. Il est évident qu'un tel niveau de réduction à mettre en œuvre pour corriger le déséquilibre du marché n'est pas réalisable sans un effort véritablement collectif. Un effort qui dépasse l'Arabie saoudite et la Russie, mais aussi l'Opep et même l'Opep+. C'est justement, à ce titre, que ces derniers ont posé comme préalable que des coupes importantes dans la production de pétrole soient faites aussi par l'Amérique et d'autres pays. D'où l'invitation adressée à 10 producteurs hors Opep+ pour assister à la réunion d'aujourd'hui. En clair, l'Arabie saoudite, la Russie et les producteurs de pétrole alliés n'accepteraient pas de réductions importantes de leur production de brut sans la participation des Etats-Unis et d'autres pays à l'effort. Selon l'agence Reuters qui cite des sources de l'Opep+, l'aboutissement à un accord dépendra de la décision des Etats-Unis, car la production de pétrole de schiste à coût élevé a augmenté avec le soutien des efforts de l'Opep+ depuis 2016 pour soutenir les prix. Certains analystes ont insisté sur le fait que l'Opep+ adopte une position judicieuse en faisant pression sur les producteurs non membres pour qu'ils participent aux réductions. Mais le principal producteur hors Opep+ visé par cette démarche, à savoir les Etats-Unis, ne semble pas vouloir y participer. En effet, lundi, le secrétaire à l'Energie américain, Dan Brouillette a déclaré : "Aux Etats-Unis, nous avons un marché libre, et l'industrie s'adaptera d'elle-même." Par ailleurs, les négociations d'aujourd'hui risquent de buter sur un autre grain de sable qui pourrait enrayer le bon déroulement des travaux. Selon Reuters, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que la base de toute baisse devrait être le niveau de production au premier trimestre de l'année, c'est-à-dire avant que l'Arabie saoudite et d'autres n'augmentent leur production. Des sources de l'Opep ont déclaré que Riyad voulait calculer les réductions sur son niveau actuel. En attendant les résultats de cette réunion exceptionnelle, les prix du pétrole se stabilisaient hier dans la matinée, le baril du Brent ayant atteint les 32,08 dollars, alors que le pétrole américain WTI était cédé à 24,45 dollars.