Face à une chute de 30% de la demande mondiale de pétrole, les producteurs jugent insuffisantes les réductions consenties jusqu'ici par l'Opep+. Le 12 avril dernier, les participants à la 10e réunion ministérielle extraordinaire de l'Opep+, ont convenu d'une baisse de leur production globale de pétrole brut de 9,7 millions de barils par jour (mb/j), à compter du 1er mai 2020. En décidant d'une baisse de production d'une ampleur aussi inédite, près de 10% de l'offre mondiale, les producteurs de l'Opep+ espéraient enrayer la chute des cours affectés par la pandémie du nouveau coronavirus. Cependant, les marchés ont jugé cet effort insuffisant pour compenser la chute de la demande, qui pourrait atteindre 30%. Un constat qui, d'ailleurs, est partagé par les membres de l'Opep+ eux même qui se disent disposés à aller au-delà des mesures prises jusqu'ici. Mardi dernier, plusieurs ministres de l'Opep ont organisé une téléconférence pour débattre de l'évolution récente du marché. Le ministre irakien du Pétrole avait déclaré à l'issue de cette réunion que l'alliance Opep+ pourrait prendre des mesures supplémentaires pour absorber l'excédent pétrolier. Le même jour, l'Arabie saoudite qui n'avait pas pris part à la téléconférence, avait indiqué "surveiller de près" les marchés pétroliers et être prête à prendre "toute mesure supplémentaire". Selon l'agence de presse officielle SPA, citant un communiqué du gouvernement, le royaume saoudien "est déterminé à assurer la stabilité du marché pétrolier et confirme son engagement avec la Russie pour mettre en œuvre les réductions (de production) pour les deux prochaines années". De son côté, le Koweït, cinquième producteur de l'Opep a, déjà, commencé à réduire sa production de pétrole avant l'entrée en vigueur de l'accord convenu, prévu pour le 1er mai, a rapporté l'Opep sur son site web. "Khaled Ali Al-Fadhel, ministre du Pétrole du Koweït, ministre de l'Electricité et de l'Eau et président du conseil d'administration de la Kuwait Petroleum Corporation (KPC), a confirmé que l'Etat du Koweït a commencé à ajuster sa production de pétrole dans le cadre de son engagement en la déclaration de coopération pour soutenir la stabilité du marché mondial du pétrole", a rapporté le site de l'Opep. Vendredi, Diamantino Azevedo, le ministre angolais de l'Energie, a déclaré au micro de l'agence de presse publique Angop que la réduction de 9,7 mb/j consentie par l'Opep et ses alliés est insuffisante pour équilibrer les marchés mondiaux. Pour lui, il faut davantage d'efforts pour un retour à un meilleur équilibre entre l'offre et la demande. "Il appartient à chacun de comprendre qu'en dépit des mesures prises par l'Opep, les producteurs de pétrole des différents pays doivent être conscients qu'ils peuvent être appelés à prendre des mesures plus drastiques", a-t-il indiqué, ajoutant qu'"en raison du manque de capacités de stockage, la poursuite de la production devient injustifiée". Les producteurs de l'Opep+ ayant déjà consentis des efforts dans le cadre de l'accord du 12 avril, semblent prêts à prendre des mesures supplémentaires pour absorber l'excédent pétrolier.