La Coface anticipe des conséquences "encore plus fortes" de la pandémie de Covid-19 sur les économies émergentes, alors que l'attention s'est jusqu'ici essentiellement portée sur la Chine, l'Europe et les Etats-Unis. Selon l'assureur-crédit français, "les pays émergents dépendant de revenus tirés de l'exportation de matières premières non agricoles seront également touchés". Cela fait suite au décrochage des cours du brut sur les marchés, entraînant une aggravation des déficits budgétaires et courant des pays exportateurs, alors que l'activité économique devrait connaître un repli sans précédent cette année. La reprise semble être incertaine cette année malgré l'espoir d'une remontée des prix du pétrole au second semestre. "Malgré un rebond des cours anticipé au 2e semestre par la Coface, la prévision (45 dollars en moyenne prévus en 2020 pour le baril de Brent) est insuffisante pour que les principaux pays exportateurs équilibrent leurs soldes budgétaires et courants". "D'autant plus qu'à cet effet ‘prix' s'ajoute un effet ‘volume' pour les pays (dont l'Arabie saoudite) qui ont accepté de réduire drastiquement leur production afin de limiter l'ampleur de la chute des cours engendrée par celle de la demande", écrit la Coface dans un communiqué diffusé jeudi. Concrètement, cela signifie que les recettes en devises des pays exportateurs de pétrole se contracteront fortement cette année sous l'effet conjugué de la baisse des prix du pétrole et des quantités exportées. Pour l'Algérie, avec les prévisions de déclin de l'activité du secteur pétrolier et gazier (-4,9% en 2019) et de repli,en valeur, des exportations d'hydrocarbures (-28,17% en janvier et mai), combinés à une réduction des volumes exportés, en application des accords de l'Opep+, une contraction des revenus en devises ne fera qu'aggraver les souffrances de l'économie nationale, plus que jamais vulnérable aux chocs externes. Dans son communiqué dédié à la dette des pays émergents, la Coface souligne en crayon feutre que "les pays exportateurs de matières premières sont ceux dont le solde budgétaire devrait le plus se détériorer cette année". Il sera respectivement de -15% et -16% du PIB pour l'Algérie et Oman. L'Algérie figure parmi les neuf pays qui sont touchés par trois des quatre sources de vulnérabilité recensées par la Coface. Elle y figure sur une liste comprenant l'Afrique du Sud, l'Angola, l'Equateur, le Liban, la Mauritanie, Oman, la Tunisie et le Venezuela. Cinq de ces pays, dont l'Algérie, sont exportateurs de pétrole et les hydrocarbures représentent l'essentiel de leurs revenus en devises. L'Algérie, l'Angola, l'Equateur, Oman et le Venezuela devraient faire face à trois des quatre chocs recensés par l'assureur-crédit français, à savoir le confinement, la chute des cours du pétrole et celle des recettes touristiques, les sorties de capitaux et la hausse du risque souverain. Selon la Coface, 31 autres pays sont affectés par deux des quatre sources de vulnérabilité et 71 pays par l'une des quatre.