Résumé : Samira ne tient pas en place. Le temps s'écoule trop lentement à son goût. Elle commence à se faire une raison. Maintenant que sa fille a été adoptée, elle ne peut pas chambouler sa vie. Tout ce qui compte est d'en faire partie. Elle reçoit l'appel de son cousin Norredine. Ce dernier est heureux d'avoir de ses nouvelles. Ils n'ont jamais compris pourquoi elle avait disparu… - Cela remonte à tellement longtemps ! - Raconte-moi ! Du jour au lendemain, tu as disparu. Ici, au village, on était inquiets. On savait que ta belle-mère était une vraie vipère, en plus, ton père, excuse-moi, dit Norredine, c'était un vrai terroriste. C'est un miracle qu'il t'ait laissée aller à l'école. - C'est vrai, reconnaît-elle. Sans vouloir dire du mal de lui, il avait un de ces caractères ! - Lui et sa femme faisaient une belle paire. À chaque fois qu'on pensait et parlait de toi, on se rappelait qu'ils t'en ont fait voir de toutes les couleurs. Elle te laissait toutes les corvées. Elle voulait t'épuiser et même te briser, mais tu étais forte. Tu t'accrochais à tes études. El hamdoullah, tu as réussi. Samira soupire. - Oui, j'ai réussi ! J'adorais aller à l'école, se rappelle-t-elle. Même si c'était loin et qu'il fallait se taper une heure de marche. Norredine rit à l'autre bout du fil alors que d'autres souvenirs lui reviennent en mémoire. - Tu étais la meilleure élève de la famille. On était tous jaloux de toi au point même de te détester parfois, lui dit-il. Tu obtenais les meilleures notes, et nous, on brillait avec notre médiocrité. - Mais vous étiez de bons élèves. - Oui, mais à côté de toi, on était nuls, insiste Norredine. Tu étais la fierté de la famille. - C'est gentil, dit Samira, toute émue jusqu'aux larmes. Tous ces souvenirs la bouleversent plus qu'elle ne le voudrait. - Mais qu'est-il arrivé ? Pourquoi as-tu disparu ? Je voudrais savoir ! - Un autre jour, propose-t-elle. Quand je viendrai… Pas au téléphone. - Ah non, je ne peux pas attendre une minute de plus, insiste son cousin. Du jour au lendemain, tu avais disparu et on avait cru qu'il t'était arrivé malheur. Figure-toi qu'on avait ratissé la région. On suspectait ton père et sa méchante femme de s'être débarrassés de toi. - C'est vrai qu'elle ne me supportait pas, mais de là à s'en prendre à moi, non ! Elle n'aurait pas été jusque-là. C'est vrai qu'elle voulait m'éduquer à la dure, mais elle n'était pas une criminelle. - Oui, peut-être. Mais pour nous, tu avais brusquement disparu et on ne pouvait imaginer que le pire. Alors, lâche le morceau. Raconte-moi ce qui s'est passé ! - Ah, mon cher cousin, dit-elle avec un soupir. Un jour, j'étais rentrée de fac pour passer le week-end à la maison, nous nous sommes disputées. Elle ne voulait pas que je retourne à la fac. Je les avais entendu parler et j'avais compris qu'ils étaient décidés à m'enfermer pour toujours. Je me suis enfuie. Je sais que ce que j'ai fait n'est pas bien, mais comprends-moi, je me voyais enfermée à tout jamais et ma destinée était entre leurs mains. Je n'aspirais qu'à être libre et maîtresse de ma vie. - Je ne peux pas te le reprocher. On connaissait bien ton père. La terreur… Mais dis-moi, la vie que tu mènes te plaît ? Qu'es-tu devenue ? Samira soupire. - Oui… mais ma famille et mon village me manquent, avoue-t-elle. Surtout maintenant que je compte fonder un foyer !
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