L'Algérie ne changera pas fondamentalement sa doctrine militaire, à la lumière de la mouture de la nouvelle Constitution qui vient d'être rendue publique. Cependant, ce principe a évolué dans ce nouveau texte de la loi fondamentale pour ouvrir la voie à une éventuelle participation "active" de l'armée algérienne dans le règlement des conflits. Mais sous conditions. Rappelant le principe algérien de la primauté au règlement pacifique des conflits internationaux, en a-t-elle d'ailleurs participé et apporté la preuve de l'efficacité des solutions politiques dans les différends internationaux, entre autres exemples, le conflit érythrée-éthiopie, la crise au Mali, ou encore son initiative pour une solution politique en Libye, "l'Algérie peut, dans le cadre des Nations unies, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, et dans le plein respect de leurs principes et objectifs, participer à des opérations de maintien et de restauration de la paix", est-il proposé dans l'article 30 de la mouture. Jusque-là, l'Algérie n'a jamais intégré avec des troupes une quelconque force internationale d'interposition dans les crises, conflits ou guerres ; elle n'a jamais envoyé de soldats pour faire partie des Casques bleus de l'ONU, y compris dans les régions et zones déstabilisées, situées à ses frontières, à l'exemple de la Minusma au Mali. Mais ce principe de non-intervention militaire à l'étranger que soutient la doctrine de l'ANP et de l'Etat algérien de non- ingérence dans les affaires intérieures des pays, à juste titre repris dans la mouture du projet de Constitution, n'exclut pas totalement la participation ou la présence de l'Algérie d'une autre manière, pour ces opérations internationales de maintien ou consolidation de la paix. C'est dans ce cadre, avec un mandat de l'ONU, que l'Algérie a envoyé des experts et des observateurs au Cambodge, en Erythrée ou encore au Darfour. Depuis la guerre d'égypte de 1973, aucun soldat algérien n'a été envoyé participer à un conflit à l'étranger, et c'est resté ainsi comme un principe qu'aucun président n'a osé violer. Et malgré les engagements internationaux du pays, l'Algérie ne fournit, en termes de participation aux forces internationales d'interposition ou de maintien de la paix, qu'un soutien logistique. C'était le cas en Somalie lors du déploiement de la force africaine où l'Algérie s'est contentée de fournir des appareils pour le transport des troupes africaines. Sans plus. Le nouveau texte proposé pour enrichissement introduit toutefois une nuance qui peut prêter à une lecture selon laquelle les autorités du pays pourraient réévaluer ou augmenter la participation de l'armée avec un rôle actif dans les opérations de maintien de la paix, dans le cadre de l'ONU, de l'UA ou de la Ligue arabe. Une évolution de la position de l'Algérie sur cette question de présence de forces de l'ANP dans les contingents internationaux qui est dictée, semble-t-il, par l'évolution de la situation et la multiplication des conflits dans le monde mais surtout la complexification de la situation dans le voisinage et l'environnement immédiat du pays. L'exacerbation de la crise politique au Mali avec la persistance des attentats terroristes dont l'Algérie subit aussi les conséquences en matière de sécurité et l'enlisement en Libye sont des raisons suffisantes pour amener le pays à revoir sa doctrine en matière d'intervention militaire à l'étranger. Dans le cadre que vient définir le projet de Constitution. Cela va sans dire aussi que le pays fait face à des pressions étrangères pour s'impliquer davantage dans le règlement de ces conflits. La perspective est d'autant plus plausible que l'Algérie fait face à un contexte régional qui menace sa propre sécurité. Mais ce n'est qu'une proposition.