Une forte dépréciation de la valeur de la monnaie nationale, corrélativement à la détérioration des équilibres macroéconomique et macrofinancier du pays, ne manquera pas de nourrir l'inflation et de pénaliser par-là même les ménages et les entreprises de production. Pour l'économiste et ancien gouverneur de la banque centrale, Badreddine Nouioua, la stabilité du dinar est en ce sens "nécessaire et fondamentale si l'on veut redresser la situation économique du pays sans l'aggraver davantage, en manipulant le taux de change". Selon notre interlocuteur, "ceux qui préconisent une dévaluation ou une dépréciation du dinar dans les conditions actuelles semblent être complètement dans l'erreur". Une mesure de dévaluation ou de dépréciation, relève-t-il, "ne peut être justifiée que dans la mesure où elle favorise l'augmentation des exportations, la réduction des importations, l'attrait des capitaux étrangers et tout autre forme d'entrée de devises". Or, estime l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, "depuis le début des années 1990 jusqu'à aujourd'hui, toutes les opérations de dévaluation et toutes les dépréciations du dinar intervenues n'ont permis de réaliser aucun des objectifs indiqués ci-dessus". Bien au contraire, estime-t-il, de telles mesures "n'ont donné que des résultats négatifs et ont même été nuisibles", en générant la hausse de l'inflation, l'accroissement du taux de chômage, la diminution des réserves officielles de change et de graves difficultés pour les entreprises, dont plusieurs, conclut-il, ont été d'ailleurs liquidées.
