La solidarité envers le journaliste Khaled Drareni, qui se trouve en prison depuis le 29 mars dernier, s'élargit et dépasse les frontières du pays. Sept députés du Parlement européen viennent de saisir officiellement le Haut représentant de la Commission européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, qu'ils invitent à intervenir auprès des autorités algériennes pour libérer le journaliste Khaled Drareni. Dans leur courrier, les députés Hannah Neumann (Allemagne), Maria Arena (Belgique), Raphaël Glucksmann, Bernard Guetta et Salima Yenbou (France), ainsi que Tinek Strik (Hollande) et Heidi Hautala (Finlande) interpellent le responsable de la diplomatie européenne sur "la situation des médias en Algérie et plus particulièrement sur le cas du journaliste professionnel Khaled Drareni". Le document rappelle que le journaliste a été arrêté le 29 mars dernier pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale" alors que "le délit de presse n'est plus puni dans le droit algérien". Ils reprochent aux autorités algériennes d'avoir "criminalisé" ce qui doit être un travail de journaliste. "(…) Nous nous remettons à vous pour interpeller le gouvernement algérien sur ses obligations internationales et constitutionnelles en matière de respect de la liberté de la presse et afin de cesser la répression contre la liberté d'expression et mettre fin aux persécutions arbitraires", ont-ils écrit dans le courrier. Les signataires du document, issus du groupe socialiste et des verts, rappellent qu'une résolution avait déjà été votée en novembre dernier. Le document évoquait la situation des libertés en Algérie. Son adoption avait suscité l'ire des autorités algériennes de l'époque. La veille de la rédaction de ce document par des députés européens, le journal américain The Washington Post a publié, ce vendredi, une page entière dédiée à Khaled Drareni. "Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités algériennes à relâcher Khaled et à cesser la censure imposée aux journalistes", est-il écrit sur la page illustrée par la photo du journaliste algérien. De son côté, le journal français Le Courrier International note que Khaled Drareni est "devenu le symbole de l'oppression des journalistes en Algérie". Début mai, des ONG et des journalistes du monde entier ont initié une action visant à appeler les autorités algériennes à libérer le correspondant de RSF en Algérie. "Les autorités doivent immédiatement et sans condition libérer Khaled et mettre fin à ces poursuites scandaleuses. Il est puni simplement pour avoir osé faire son travail journalistique de façon indépendante et courageuse", avait dénoncé, par exemple, Heba Morayef, directrice d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, dans un communiqué. Ali Boukhlef