Il y a quelques semaines, nous surprenions dans la rue une petite fille questionnant sa mère : “Quand il va rouvrir le cinéma ? ” Agée d'à peine 10 ans, cette enfant se trouvait en compagnie de sa mère face à l'entrée de la Cinémathèque d'Oran dont les grilles sont closes depuis des mois pour cause de travaux. Pour nous, cette interrogation émanant ainsi d'une petite fille était presque le symbole de ce que pouvait encore représenter la salle de la Cinémathèque d'Oran située au quartier Miramar. Une salle d'art et d'essais qui, des années durant et en dépit de tout (déliquescence de la culture cinématographique, gestion centralisée, manque de moyens…), a maintenu des activités et abrité des festivals nationaux et internationaux, des nuits non-stop de projection, des conférences, des débats auxquels ont participé Alloula, Tahar Djaout et bien d'autres hommes de lettres et réalisateurs. Si le dernier festival remonte à 1999, la cinémathèque a tenté depuis de survivre en organisant entre autres des séances de projection pour les enfants qui, dans leur majorité, mettaient ainsi, pour la première fois de leur vie, les pieds dans une salle de cinéma. Une première aussi bien souvent pour les mamans. Mais c'était là bien peu pour une salle comme la cinémathèque dont l'état de vétusté aggravait cette sorte de lente descente aux enfers. Après des années de tergiversations, des fonds ont enfin étaient débloqués pour entreprendre des travaux de rénovation. Travaux qui, non sans mal et non sans péripéties administratives et autres défaillances, ont démarré au début de l'année. Aujourd'hui, l'entreprise de réalisation et le bureau d'études, dont c'est là la première expérience en matière de rénovation de salle de cinéma, en sont aux finitions. Le temps presse puisque, nous dit-on, un représentant de Gaumont Films devrait venir à Oran dans les prochains jours. 360 sièges neufs et confortables ont remplacé les anciens en plastique dur et “éjectable”, la climatisation oubliée au début a été finalement installée, les revêtements muraux devraient permettre une meilleure acoustique, le hall d'entrée a été aménagé en espace d'exposition cinématographique. Une salle donc remise à neuf, malheureusement, il y a un hic car le financement pour la fourniture d'équipements techniques neufs (écran, projecteur, sonorisation…) n'aurait pas été prévu dans le cahier des charges. Or, l'on a du mal à imaginer une réouverture de la cinémathèque avec un équipement datant de vingt ans. Qui plus est, ici l'on craint que le sort de la Cinémathèque d'Oran ne soit comparable à celui de Batna, de Chlef ou encore de Constantine qui, après deux ans, n'ont toujours pas repris leurs activités. D'autres questions sont également en suspens comme les nouvelles orientations à donner à la cinémathèque, une décentralisation de la gestion, des moyens humains et financiers plus importants, etc. Alors que par le passé, la cinémathèque avait su tisser des liens avec les festivals comme ceux des villes de Potiers, Clermont-Ferrant… D'ailleurs, d'ores et déjà l'on peut espérer la tenue de la 5e édition du festival du court métrage en juin 2006. Une aubaine pour la ville d'Oran, dont les autres salles de cinéma sont devenues des “bastringues”, des lieux carrément à risques qui ne sont plus fréquentés que par une drôle de faune. La réouverture de la cinémathèque donnerait l'occasion aux Oranais de se réapproprier un espace de débat, d'ouverture, de découverte et de culture… F. BOUMEDIÈNE