À l'initiative d'un collectif de femmes béjaouies, un rassemblement de soutien aux détenus d'opinion et aux journalistes incarcérés a été organisé, jeudi dernier, à la place de la Liberté d'expression baptisée du nom de Saïd Mekbel. Munies du drapeau national et de l'emblème amazigh, quelques dizaines de femmes militantes se sont rassemblées, jeudi matin, devant la stèle érigée à la mémoire du journaliste assassiné en 1994, scandant des slogans en faveur de la libération de tous les prisonniers politiques et la cessation des harcèlements policiers et judiciaires contre les activistes du hirak. "Libérez les détenus", "Halte à la répression", "Pour le respect des libertés démocratiques", "Djazaïr houra démocratia" (Pour une Algérie libre et démocratique), sont les principaux slogans mis en avant par les manifestantes. À noter, par ailleurs, que les services de la police judiciaire de la sûreté de la wilaya de Béjaïa ont auditionné, la semaine écoulée, cinq syndicalistes affiliés au Snapap-Cgata, pour leurs activités syndicales, mais aussi pour leur engagement dans le mouvement populaire du 22 février 2019. Il s'agit de Nacer Kassa, Saddek Zidani, Ikhlef Bouzekri, Abdellah Zadir et Kamel Abid, tous responsables au sein du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap). Il faut rappeler que les membres du Snapap, affilié à la Cgata, se sont largement impliqués dans la révolution du sourire, en observant chaque mardi une journée de grève générale pour appuyer la marche hebdomadaire qu'organise depuis février 2019, la communauté universitaire de Béjaïa au chef-lieu de wilaya. En réaction à la convocation par la police de ses membres, la coordination de la wilaya de Béjaïa du Snapap a rendu publique, jeudi dernier, une déclaration dénonçant "cette cabale menée par le système policier contre nos camarades syndicalistes". "Au moment où le monde entier focalise ses efforts à éradiquer la pandémie de Covid-19 qui a déjà fait des milliers de morts, sans compter les conséquences socioéconomiques les plus insoutenables, le pouvoir central de notre pays va, hélas, à contre-courant de ce mouvement mondial en intensifiant ses mesures répressives contre des citoyens libres et des syndicalistes", déplorent les rédacteurs de ladite déclaration. Les responsables du Snapap de Béjaïa réitèrent leur engagement à soutenir la révolution populaire en marche, tout en exprimant leur soutien indéfectible aux détenus du hirak et leur solidarité agissante envers les militants convoqués ayant fait l'objet d'intimidations et d'harcèlement juridico-policier. De leur côté, les membres du Pacte de l'alternative démocratique (PAD) de Béjaïa dénoncent, à travers une déclaration, la démarche politique du pouvoir en place "qui remet en cause la souveraineté populaire revendiquée pendant plus d'une année par tout un peuple". K. O.