La communauté universitaire de la wilaya de Béjaïa a réinvesti, hier, la rue pour son 39e mardi de mobilisation contre le système et sa feuille de route. C'est vers 10h30 que le coup d'envoi de la marche a été donné au campus universitaire de Targa Ouzemour. Comme à l'accoutumée, cette manifestation hebdomadaire a été soutenue par plusieurs syndicats autonomes (Snapap-Cgata, Satef, SNTE, Cnapeste…) et les membres du Pacte de l'alternative démocratique (PAD) de la wilaya qui regroupe des partis et des organisations non gouvernementales (FFS, RCD, PT, Laddh, RAJ…). Les manifestants, qui brandissaient l'emblème national aux côtés du drapeau amazigh, ont repris les mêmes slogans que ceux du mouvement populaire, à savoir "la libération des détenus politiques et d'opinion", "le rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain", "une justice libre et indépendante", "le rejet des projets des lois de finances 2020 et des hydrocarbures", "le départ de toutes les figures du système" et "la mise en place d'un processus constituant en tant qu'expression de la souveraineté populaire". Le froid glacial qui s'est installé ces derniers jours en Kabylie n'a pas dissuadé les marcheurs d'aller jusqu'au bout de leur itinéraire habituel, qui s'étend du quartier de Targa Ouzemour jusqu'au siège de la cour de justice, sis à la cité Tobbal. Tout au long de ce parcours, long de quelque trois kilomètres, la procession humaine a réitéré les revendications du mouvement populaire né le 22 février dernier, notamment le rejet définitif du scrutin présidentiel du 12 décembre, imposé par "les résidus de l'îssaba" (bande mafieuse). Exigeant à nouveau l'élargissement de l'ensemble des détenus d'opinion, les manifestants ont exhibé de larges banderoles et des pancartes portant les photos de certains prisonniers du hirak, dont celles du moudjahid octogénaire Lakhdar Bouregâa, de l'élue du RCD Samira Messouci et des militants politiques Karim Tabbou et Fodil Boumala. Après avoir sillonné le centre-ville de la cité des Hammadites, la foule s'est rassemblée devant le siège de la cour de Béjaïa pour scander de nouveau les slogans mis en avant durant la manifestation d'hier. "Makanch intikhabat mâa l'îssabat" (Pas d'élection avec la bande au pouvoir), "Makanch l'vote, wallah ma n'dirou, Bedoui ou Bensalah lazem itirou, wallah mana habsine" (Pas de vote, nous ne le ferons pas, Bedoui et Bensalah doivent partir, Dieu nous est témoin, nous ne nous arrêterons pas), "Ulac l'vote ulac" (Pas de vote), "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac" (Pas de pardon), "Libérez les détenus", "Âadala hourra democratia" (Pour une justice libre et démocratique), ont-ils scandé lors de leur rassemblement, avant de se disperser dans le calme.