M. Jean-Philippe Cotis, économiste en chef de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), a estimé, hier, que la hausse du prix pétrole, accentuée par l'ouragan Katrina, ne va pas casser la croissance économique mondiale. Dans un entretien au journal Le Monde, il a expliqué que le “choc pétrolier actuel a une grande différence par rapport aux précédents : il s'agit cette fois d'un choc de demande et non plus d'un choc d'offre”. “Aujourd'hui, c'est la croissance mondiale qui pousse à la hausse les cours du pétrole”, a-t-il dit, relevant que la production, peine à suivre la demande, et ce déséquilibre crée des pressions sur les prix. Il a souligné que “le choc pétrolier actuel diffère aussi des précédents par son profil qui prend la forme de marches d'escalier. L'avantage de tels plateaux est que chaque choc est d'ampleur modérée, ce qui facilite son absorption et la conduite des politiques monétaires, même si, au bout du compte, les prix du baril sont désormais comparables à ceux qui prévalaient à la fin des années 1970”. Un autre facteur amortisseur intervient, selon l'expert de l'OCDE : “l'intensité énergétique des pays de l'OCDE est aujourd'hui beaucoup plus faible qu'il y a trente ans”. “S'il ne fait guère de doute que la demande de pétrole va augmenter fortement à l'avenir, l'inconnue vient du côté de l'offre”, a-t-il ajouté. Un autre facteur de l'enchérissement des prix, selon M. Cotis, est qu'aucune raffinerie n'a été construite, par exemple, aux états-Unis depuis 1976, avec pour résultat de créer des goulets d'étranglement. Aux états-Unis, les stocks de raffiné sont à leur plus bas niveau depuis cinq ans, alors que les stocks de brut sont confortables, a-t-il indiqué. Il a ajouté qu'avec “une réactivité très faible du côté de l'offre de raffinage et une réactivité modeste du côté de la production de brut, il est très difficile de se faire une idée de ce que sera le prix du pétrole dans les deux prochaines années”. “On ne peut pas exclure que le prix du pétrole continue à monter”, a-t-il encore ajouté. APS