L'histoire de la crise pétrolière survenue durant les années 70 se répète encore une fois. Le spectre d'un éventuel choc pétrolier plane toujours sur la scène internationale. Alors que les catastrophes naturelles se succèdent, le marché pétrolier promet de son côté beaucoup de surprises. C'est l'hypothèse confirmée par plusieurs experts et analystes. M.Jean Philipe Cotis, économiste de l'Ocde, a dévoilé hier ses pronostics sur la situation et l'avenir de l'économie mondiale. «L´économie mondiale subit actuellement un choc pétrolier " de grande taille", et rien n´indique pour le moment, que la hausse des cours touche à sa fin», a t-il affirmé. Il a appuyé ses arguments par le fait que les cours ont bondi de quelque 15 dollars pour dépasser les 65 depuis les dernières prévisions de croissance diffusées par l´Organisation de coopération et de développement économique (Ocde) début mai dernier. "Le niveau des prix aujourd´hui n´est plus très éloigné du niveau atteint lors du grand choc à la fin des années 70", a-t-il dit. Ce qui fait craindre le pire des scénarios, lequel est marqué par une surproduction pétrolière et une importante croissance économique en Chine et aux USA. L'expert affirme également que la situation demeure très tendue sur tous les marchés pétroliers. D'ailleurs, le prix du brent, pétrole de la mer du Nord, a atteint hier à Londres 65,30 dollars le baril (livraison en octobre), soit un gain de 45 cents par rapport à la clôture de lundi. Le pétrole américain de référence "light sweet crude" a par contre perdu 89 cents pour s´établir à 66,68 dollars, lors des échanges électroniques. Les cours étaient en voie de se redresser après avoir cédé jusqu´à 1,31 dollar en séance. Depuis les années 70, précise M.Cotis, l´efficacité énergétique des pays industrialisés s´est fortement améliorée à l'inverse des pays en voie de développement. L´Ocde a, par ailleurs, livré une série de nouvelles prévisions chiffrées pour les pays industrialisés, tout en précisant que l´impact du cyclone Katrina et la hausse des cours du pétrole n´étaient pas pris en compte. Ces deux événements vont véritablement chambouler les données économiques de l´Ocde. Celle-ci publiera dans les deux prochains mois ses Perspectives économiques d´automne, avec un nouveau lot de prévisions. Pour la zone euro, elle table désormais sur 1,3% contre 1,2% escompté auparavant. Concernant les Etats-Unis, l´Ocde s´attend toujours à 3,6%, a-t-elle indiqué. Pour le moment, les analystes ne sont pas très convaincus que la mobilisation par l´Agence internationale de l´énergie (AIE) de stocks d´urgence répondra de manière adéquate aux problèmes de raffinage américains. Rappelons, que 26 pays membres de l´AIE, dont les Etats-Unis, mettront à disposition du marché 2 millions de barils par jour (mbj) sur une période initiale de 30 jours, soit 60 millions de barils. "On s´attend toutefois à ce que la majorité de ces stocks soient du brut, et non des produits transformés dont le marché a tant besoin", expliquait un autre analyste. Cet analyste prévoyait que la moitié des réserves rendues disponibles seraient du brut issu des réserves stratégiques américaines. Le reste serait également composé pour moitié de brut, et pour moitié de produits transformés. C´est pourquoi les analystes doutaient de la pertinence de cette stratégie, alors que les Etats-Unis ont besoin de produits transformés, comme l´essence ou le fioul.