Cheikh Chamseddine n'officiera plus. Le ministère des Affaires Religieuses l'ayant accusé d'avoir défié une de ses "fetwas", le prédicateur cathodique algérien a été congédié par la chaîne Ennahar qui l'employait depuis de longues années. Jeudi dernier, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, Arav, a annoncé dans un communiqué avoir reçu la directrice de la chaîne Ennahar. La raison ? Le ministère des Affaires religieuses, qui dispose depuis quelques mois d'une commission de fetwas qui fait autorité dans le domaine des avis religieux, n'a pas apprécié que Chamseddine Bouroubi, connu sou le pseudonyme de Chamseddine El-Djazaïri, ait contesté un avis émis par les autorités qui permet aux fidèles de donner la zakât de l'Aïd durant les premières semaines de Ramadhan. Pour le prédicateur, il s'agissait ni plus ni moins d'une "une aumône (sadaka) dont il faut s'acquitter à nouveau". Pour lui, "zakât el-fitr" se donne le jour de l'Aïd. La directrice de la chaîne, Souad Azzouz, ne s'est pas contentée de "présenter des excuses" aux responsables de l'Arav. Elle a annoncé, dans la foulée, que le programme allait s'arrêter. Le prédicateur est donc remercié. Elle indique avoir "demandé à l'animateur de l'émission de présenter des excuses et de retirer ses déclarations qui constituent un danger et une diffamation contre les institutions de l'Etat, et sèment, ainsi, le doute en perturbant la société. Néanmoins, ce présentateur a refusé d'obéir". Elle ajoutera qu'elle avait "précédemment empêché de présenter une émission dans laquelle il (appelait) à annuler la fatwa portant sur la fermeture des mosquées", a ajouté le communiqué. Comme en politique, les autorités n'aiment pas la contradiction. Au lendemain de cette décision, le ministre des Affaires religieuses, Youcef Belmahdi, a justifié cette censure. Il évoque un avis religieux qui interdit aux Musulmans de "désobéir "au tuteur politique", le "walyou el-amr". Une déclaration qui va sûrement susciter la polémique puisque cette position a été souvent défendue par les salafistes qui ont toujours plaidé pour "l'obéissance" aux autorités et "laisser" entre "les mains de Dieu" le sort des tyrans ou des gouvernants. Au-delà de ce rebondissement, Chamseddine Bouroubi, que beaucoup de jeunes appellent par le sobriquet de "Cheikh Chemsou" a souvent crée la polémique. N'ayant pas de qualifications scientifiques que des cours pris durant quelques mois chez des prédicateurs saoudiens, l'homme, à la barbe poivre-sel, émet des avis où l'anecdote se mêle à des citations coraniques ou des références aux citations du Prophète. Tout en s'attaquant aux salafistes, il s'en prend souvent aux femmes et critique des comportements sociaux qu'il juge contraires à la religion. Il participe également à des séances d'exorcisme dans des émissions de télévision. Mais la levée de bouclier suite à ces comportements n'a jamais été suivie d'effet. Ali Boukhlef