L'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit une chute historique des investissements dans l'énergie cette année conséquemment à la crise du coronavirus. Dans un rapport diffusé, hier, l'AIE anticipe une chute d'environ 20% — soit l'équivalent de près de 400 milliards de dollars — des investissements dans le monde cette année, en comparaison avec 2019. L'Agence tablait initialement sur une progression de 2% de ces investissements cette année, avant que la pandémie de Covid-19 ne vienne remettre en cause ces prévisions. "Tous les secteurs énergétiques sont affectés : le pétrole, le gaz, les renouvelables... Mais le plus gros impact est sur le pétrole de schiste", précise Fatih Birol, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie. Les investissements doivent ainsi chuter d'un tiers pour le pétrole dans son ensemble et même d'environ 50% pour le schiste, qui avait explosé en Amérique du Nord ces dernières années avant d'être de plus en plus fragilisé. Au chapitre de la question climatique, Fatih Birol, qui avait déjà mis en garde sur les conséquences sociales de la crise pour les pays producteurs d'hydrocarbures, plaide désormais pour une "transition ordonnée", qui soit organisée plutôt que subie par les Etats. Cependant, les énergies vertes ne sont pas épargnées non plus par la crise actuelle. L'ensemble des investissements dans les énergies renouvelables devrait chuter de 11% pour atteindre environ 560 milliards de dollars cette année contre 630 milliards de dollars l'an dernier. Morgan Stanley optimiste pour le Brent et le WTI La baisse des investissements dans les énergies fossiles, estimée à 20% par l'AIE, pourrait contribuer à réduire l'offre et à faire grimper les cours du brut, dans un marché laminé par les excédents de production et un déclin de la demande mondiale en pétrole. La banque d'investissement américaine Morgan Stanley s'attend à une reprise de la demande mondiale au quatrième trimestre de l'année en cours, ce qui ferait passer les cours d'une moyenne de 35 dollars à 40 dollars le baril, lit-on dans un rapport diffusé, hier, par la banque. Morgan Stanley table sur une contraction de 4 à 6 millions de barils par jour de l'offre pétrolière mondiale vers le quatrième trimestre de l'année et le premier trimestre de 2021. La banque américaine maintient inchangées ses prévisions d'évolution du cours du Brent sur le long terme, établies initialement à 45 dollars le baril, un pronostic assaisonné, néanmoins, de risques élevés de mouvements baissiers. Sur l'année en cours, le baril de Brent ne devrait pas dépasser 40 dollars le baril, contre une prévision initiale de 35 dollars, alors que la référence américaine, le WTI, devrait être cotée aux alentours de 35 dollars le baril cette année et de 40 dollars en 2021. Bien évidemment, ces prévisions sont bâties sur l'espoir d'une reprise de l'économie mondiale et, par ricochet, de la demande en pétrole, au fur et à mesure que les Etats déconfinent et relancent leurs économies. À coups de centaines de milliards de dollars, des plans de soutien à l'économie sont actuellement en discussion en Europe et en Amérique, alors que la demande semble repartir déjà, même timidement, en Chine.