En réponse aux préoccupations des membres de l'Assemblée populaire nationale (APN) à propos du retour à l'importation des véhicules neufs, inscrit dans le projet de loi de finances complémentaire (PLFC) 2020 et son impact sur les réserves en devises du pays, le ministre de l'Industrie et des Mines, Ferhat Aït Ali Braham, a précisé que la facture d'importation de ces véhicules ne dépassera pas les 2 milliards de dollars US, ajoutant que ce montant correspond à celui des importations de pièces destinées au montage automobile. Le ministre a ajouté que, pour réduire la facture d'importation des véhicules, le gouvernement a eu recours à l'imposition de taxes douanières et fiscales au lieu de mesures d'interdiction ou de système de quotas. Il précisera au sujet de ces taxes qu'elles concerneront les véhicules touristiques de grande cylindrée et non les véhicules utilitaires. Selon le ministre de l'Industrie et des Mines, cette mesure permettra d'approvisionner le marché national en attendant d'asseoir une véritable industrie automobile, une réalisation qui, a ajouté le ministre, pourra nécessiter 24 mois au moins. Qualifiant l'activité des usines de montage actuelles "d'importation déguisée sans paiement des droits douaniers et fiscaux", le ministre a affirmé que ces dernières n'avaient pas atteint 5% d'inclusion financière en dépit des exonérations douanières et fiscales dont elles ont bénéficié. Le retour à l'importation des véhicules neufs, décidé par les pouvoirs publics, vise essentiellement à compenser la production locale et faire face à la pénurie de voitures neuves engendrée par le fiasco de l'industrie automobile en Algérie. Mais est-ce suffisant surtout que l'Exécutif a décidé de plafonner la facture d'importation à 2 milliards de dollars ? Lors du pic historique atteint en 2012, la facture d'importation de véhicules avait atteint 6,9 milliards de dollars pour 568 610 véhicules importés. Avec une demande annuelle évaluée à 400 000 unités par certains experts, et en l'absence de production locale, les 2 milliards de dollars dégagés ne semblent pas en mesure de composer le déficit. Même si le ministre écarte l'option des quotas, le plafonnement de la facture d'importation engendrera forcément des seuils de dépenses aux concessionnaires. Et par ricochet des quotas d'importation. Nul doute que cette mesure constitue une planche de salut pour de nombreux opérateurs, notamment les concessionnaires représentants historiques des différentes marques de véhicules importés qui ont été mis sur la touche. Certains députés plaident pour l'établissement d'une liste des concessionnaires autorisés à importer. Est-ce la démarche des pouvoirs publics ? Par ailleurs, cette mesure permettra-t-elle au citoyen d'avoir accès à des véhicules à moindre coût ? À ce titre, les députés estimaient que ces taxes étaient exagérées et ont demandé qu'elles soient réduites pour permettre au simple citoyen de posséder une voiture. Il est plus qu'évident que l'autorisation d'importation des véhicules par les concessionnaires automobiles permettra d'approvisionner le marché algérien. Néanmoins, il faudra d'abord attendre d'en voir les modalités d'application pour pouvoir se prononcer sur son efficacité.