Malgré la présence de plusieurs forces armées dans les pays de la région, les groupes terroristes restent très actifs et organisent des attaques meurtrières. Depuis le putsch militaire de 2012, contre l'ancien président Amadou Toumane Touré (ATT), le Mali a sombré dans une crise politico-sécuritaire qui a entraîné l'ensemble du Sahel dans une instabilité structurelle, avec l'implantation d'Al-Qaïda au Maghreb islamique dans ce pays, accompagné par une poussée de plusieurs autres groupes terroristes, aux ramifications en Afrique de l'Ouest. Né en 2013 de la scission au sein du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, ex-rébellion touarègue), Ansar Eddine du chef rebelle targui Iyad Ag Ghali a sévi dans le nord et centre du Mali durant des années, appuyés par la katiba du Maçina du prédicateur peul Amadou Kouffa. Parallèlement, le Mouvement pour le jihad et l'unicité en Afrique de l'Ouest (Mujao) a semé la terreur dans la région de Gao, où il avait constitué le gros de ses troupes, imposant la charia comme seul mode de fonctionnement, après l'effondrement de l'Etat malien dans le nord. Le Mujao ne tarda pas à sceller son alliance avec "les Signataires par le sang" (dissident d'Aqmi) pour créer un nouveau groupe salafiste, appelé Al-Mourabitoune et dirigé par le terroriste algérien Mokhtar Belmokhtar. Mais en 2015, Al-Mourabitoune se scinda lui aussi en deux groupes, Belmokhtar rejoignant Aqmi, tandis que l'autre aile, plus radicale, lança ce qui se fait appeler l'Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS). L'EIGS est dirigé par Adnane Abou Walid al-Sahraoui, qui a fait allégeance à Daech d'Abu Bakr al-Baghdadi. Aujourd'hui, l'EIGS est présent aussi bien dans certaines régions du centre du Mali que dans les zones frontalières du nord du Burkina Faso et de l'est du Niger, revendiquant une série d'attaques contre les forces armées locales et les troupes étrangères, américaines et françaises notamment. Dans ce triangle frontalier nigéro-malien-burkinabé, l'EIGS recrute ses nouveaux membres et finance ses opérations, s'alliant à des réseaux de contrebande. Profitant de la fragilité des Etats de la région et de la porosité des frontières, l'EIGS tente d'étendre son influence au Mali, au détriment de la coalition dirigée par Iyad Ag Ghali, née en 2017 de la fusion des groupes cités précédemment et qui se fait appeler Djamaât Ansar al-Islami wa al-muslimin (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans – GSIM). Depuis janvier, la bataille entre l'EIGS et le GSIM fait rage dans le centre du Mali, où Al-Sahraoui est parti en chasse sur les territoires contrôlés par la katibat du Maçina de Kouffa. Cela n'empêche toutefois pas une certaine collaboration entre ces deux groupes terroristes aux idéologies diamétralement opposées, pour s'attaquer à des cibles étatiques et aux forces armées étrangères, notamment les forces de l'opération française Barkhane, de la Mission de maintien de la paix de l'ONU au Mali (Minusma), ou encore les troupes américaines de l'Africom dans l'ouest du Niger principalement. Malgré ces forces en présence, le lancement depuis un an des opérations de la force internationale conjointe des pays du G5-Sahel (Mali, Tchad, Niger, Burkina et Mauritanie), forte de quelque 5 000 soldats, le lancement d'ici à la fin de l'été de la coalition européenne Takouba (avec une centaine de soldats au départ), la situation est loin des objectifs de lutte contre le terrorisme dans ce vaste territoire désertique, où l'insécurité a fragilisé davantage les Etats de la région, déjà confrontée au manque de développement et à des conditions climatiques très difficiles. Ceci sans oublier le fait que des pays comme le Tchad et le Niger sont aussi sur un deuxième front de lutte dans le Centre-Ouest et le Sud, frontaliers avec le Nigeria, contre les incursions du groupe nigérian Boko Haram.