Malgré les potentialités dont dispose la wilaya, elle n'arrive pas à étancher la soif des populations. Après avoir dépensé des sommes faramineuses dans des projets de transfert des eaux des deux barrages, Tilesdit et Koudiet Acerdoune, la situation ne s'améliore pas. 41% seulement de la population de la wilaya a accès à l'eau potable H24. Il existe encore des villages qui n'ont droit qu'à une journée par semaine d'eau potable. Au village Tikboucht (commune de Haïzer), les habitants sont alimentés un jour sur dix. Les forages de la commune ne suffisent pas. À Haïzer, seul le chef-lieu communal est raccordé au réseau de distribution du barrage Tilesdit. L'eau destinée aux villages provient des quelques forages opérationnels ou des sources du Djurdjura. Les seize communes à Bouira qui sont alimentées à partir de la station de traitement du barrage Tilesdit font face à un rationnement de la ressource. Il ne s'agit en aucun cas de l'indisponibilité de l'eau. L'actuelle station de traitement ne produit pas suffisamment d'eau potable pour les 21 communes, dont 16 à Bouira et 5 à Bordj Bou-Arréridj. Le premier responsable de l'ADE de Bouira affirme que la quantité d'eau produite chaque jour par la station est partagée équitablement sur ces municipalités. Le projet de la nouvelle station de traitement d'une capacité de 100 000 m3/jour est actuellement à l'arrêt parce que les pouvoirs publics ont procédé à la résiliation du contrat avec l'entreprise Amenhyd qui a eu le marché de gré à gré. Comme solution provisoire, les responsables de l'Algérienne des eaux (ADE) vont installer une station de traitement mobile de 25 000 m3/jour à Tilesdit. Le choix du terrain a été effectué pour l'installation de la station qui doit être opérationnelle dans un délai de trois mois, d'après le directeur de l'ADE. Idem pour les communes de Mâalla, Guerrouma et Zbarbar (daïra de Lakhdaria). L'ADE compte acquérir une station de traitement monobloc pour alimenter ces trois municipalités qui sont les moins alimentées en eau potable en dépit de leur proximité avec le barrage Koudiet Acerdoune. D'autres communes raccordées au réseau de distribution de la station de ce barrage connaissent d'importantes perturbations dans la distribution dues principalement aux pannes répétitives sur le réseau. Il arrive que des dizaines de milliers d'habitants soient privés d'eau pendant dix jours ou plus. Il faut souligner que la gestion du réseau de transfert d'eau potable à partir de Koudiet Acerdoune n'a pas encore été confiée à l'ADE. Plusieurs réserves faites à l'entreprise ayant réalisé le projet n'ont pas encore été levées. Par ailleurs, dans la commune d'Ath Mansour, où une grande partie de la population est alimentée par les eaux de Tilesdit, l'amélioration de la situation n'est pas pour demain. L'ADE avait installé 1400 compteurs en 2017 sans pouvoir effectuer aucun encaissement. Les habitants refusent de payer leurs factures. Ce bras de fer entre la population et l'ADE a fait que les créances s'élèvent à près de huit milliards de centimes. Pour ce qui est des raisons de non-paiement des factures, les habitants réclament la réhabilitation du réseau AEP. Toutes les tentatives qui ont été menées par les autorités locales n'ont pas abouti. Le directeur de l'ADE a souligné qu'une opération a été inscrite pour la réhabilitation du réseau en question. Ce qui va faciliter, selon lui, de trouver un terrain d'entente avec la population. Dans la commune de Saharidj, alimentée exclusivement par Laïnsar Aberkane (la source noire), les habitants ne veulent pas payer une ressource qu'ils considèrent comme leur propriété. D'ailleurs, ils se sont opposés même à ce que la gestion du réseau soit confiée à l'Algérienne des eaux. En somme, cette situation ne fait que mettre en difficulté financière l'ADE, dont les créances s'élèvent à des dizaines de milliards de centimes, et priver le citoyen de son droit d'avoir l'eau potable en quantité suffisante. Ali CHERARAK