Le secteur des voyages lourdement impacté par la pandémie du coronavirus avec la fermeture des frontières et la suspension des lignes aériennes, n'est pas au bout de ses peines. Cette fois-ci, ce sont les agences de voyages non-IATA (Association internationale du transport aérien) qui voient leurs difficultés s'accentuer. Depuis quelques jours, ces dernières ont été surprises lorsqu'elles se sont retrouvées privées de visibilité sur Air Algérie qui constitue le plus gros de leur chiffre d'affaires. Cela signifie concrètement qu'il ne reste plus à ces agences que de fermer boutique si une solution alternative n'est pas trouvée dans les plus brefs délais. La décision d'exclure ces agences du business des voyages émane du pavillon national qui se dit dans son plein droit. "Amadeus n'est en aucun cas responsable de cela. Nous avons les outils nécessaires à notre niveau, pour bloquer les agences", nous a déclaré Belhinoun, directeur de distribution au sein de la division commerciale d'Air Algérie qui disculpe aussi le Syndicat des agences de voyages, soupçonné d'être à l'origine de cette option. "Notre décision de procéder à ce blocage d'accès a été prise le 19 avril dernier avant même la rencontre avec le Snav qui a seulement posé le problème des bureaux d'affaires et des boîtes de communication. Celle-ci est motivée par un souci de rentabilité notamment en ces temps de crise qui ne sont pas sans conséquence sur Air Algérie à l'instar de toutes les autres compagnies de par le monde", précise notre interlocuteur qui a tenu à nous expliquer les enjeux d'une telle démarche, qui n'a pas enchanté les agents de voyages non-IATA. C'est à ce titre qu'il a insisté sur le fait qu'"il était grand temps de mettre de l'ordre dans cette activité commerciale jusque-là tolérée par la compagnie". Il nous faut comprendre que devenir agent agréé IATA est une accréditation que l'on obtient en faveur d'un dossier déposé au niveau d'Air Algérie qui est représentant IATA en Algérie. Un sésame qui permet aux agences de voyages de signer des contrats avec des compagnies aériennes à même de leur donner des stocks de billets à vendre. En l'absence de cette accrédition, les agences dites non-IATA ne peuvent, donc, émettre des billets et contournent cet obstacle en sous-traitance auprès des agences IATA sans obligation de s'acquitter ni de la caution IATA ni de l'autre caution versée à la compagnie Air Algérie comme c'est le cas pour toutes les autres compagnies. En somme, beaucoup de frais sont supportés par les agences de voyage IATA qui, par ailleurs, partagent à hauteur de 50% la commission accordée par les compagnies sans pour autant partager les pénalités générées par des réservations abusives même si ces dernières sont l'œuvre des agences non-IATA qui, en outre, appliquent, pour la plupart les frais d'agences. L'autre problème qui pèse lourd sur Air Algérie réside dans les 10 dollars que la compagnie paye à Amadeus (Global Distribution System) pour chaque création de numéro de dossier. En cas d'annulation de cette réservation, Air Algérie n'a aucun moyen d'entreprendre des actions contre cela car il n'existe aucune relation de travail directe qui lie la compagnie à ces agences de voyages non-IATA. Mais alors comment ont-elles pu fonctionner jusque-là ? Le directeur de la distribution d'Air Algérie argumente : "Le transport aérien est un secteur dynamique qui nécessite une adaptation aux exigences du marché mais cela ne peut se faire aux dépens des intérêts de la compagnie. Il n'est plus possible de tolérer un fonctionnement pareil." Il assure que "lorsqu'il y aura une reprise des activités, il est clair que nous allons revoir notre politique en la matière. Il y aura probablement une levée de boucliers sur les agences qui génèrent des recettes importantes mais pas les autres. Il pourrait même y avoir le blocage des agences IATA qui ne font pas recettes. Les temps sont durs et il nous faut revoir nos priorités".