Il a insisté sur “l'urgence de prévoir, à tous les niveaux d'enseignement, des programmes de formation civique et religieuse soigneusement élaborés” pour prémunir les élèves de la propagande intégriste. L'école a fait le nid des terroristes. Des illuminés y ont professé, inculquant aux potaches les idées sombres du fondamentalisme religieux. Les éducateurs ayant refusé de transformer leurs cours en prêches enflammés ont payé de leur vie leur farouche résistance. De Blida hier, où il a donné le coup d'envoi de la rentrée scolaire, Abdelaziz Bouteflika leur a rendu un hommage appuyé, soulignant que l'école “a souffert de la violence terroriste”, qu'un “nombre impressionnant d'enseignants” a été tué, 1 300 établissements détruits et des familles entières contraintes à l'exode. Il va sans dire que le laxisme et l'incompétence des autorités ont ouvert grandes les portes de l'école aux prédicateurs les plus dangereux. Pour éviter que ces infiltrations dangereuses soient rééditées, le président de la République préconise une plus grande vigilance. Il insiste sur “l'urgence de prévoir à tous les niveaux d'enseignement des programmes de formation civique et religieuse soigneusement élaborés”. L'école doit participer “à la formation des citoyens et la moralisation de la vie sociale”, a-t-il instruit dans un discours de circonstance. Selon lui, la mission assignée il y a 5 ans à la Commission nationale de réforme du système éducatif (CNRSE) dans ce domaine précis est une réussite. La preuve en est que depuis la mise en application des préceptes du groupe Benzaghou (actuel recteur de l'USTHB), dont il a salué “l'excellent travail”, “les livres et les manuels scolaires ont été totalement expurgés de toute référence idéologique et retrouvent ainsi leur fonction originelle d'instruments didactiques du savoir universel”. Jugeant globalement la mise en application de la réforme, le Président estime qu'elle “semble avoir atteint maintenant un niveau d'application appréciable”. “Il faut l'encourager pour aller encore plus vite et plus loin (afin de parvenir à un système de formation entièrement repensé, enraciné dans notre tradition culturelle et religieuse et résolument portée par les courants novateurs qui caractérisent le monde contemporain, à même de permettre à l'Algérie de se hisser au rang des nations modernes”, a-t-il recommandé. Deux raisons qualifiées “d'obstacles” ralentissent le changement, note M. Bouteflika. Si l'une est objective compte tenu “de la masse importante des investissements financiers nécessaires”, l'autre suscite “des résistances au changement”. “Il va sans dire que la transformation qualitative de l'école algérienne n'est pas sans susciter quelques résistances, voire quelque hostilité de la part de ceux qu'angoisse l'aventure du changement. Ainsi, une résistance plus ou moins feutrée s'était rapidement signalée dès l'installation de la Commission nationale de refonte de l'éducation dénonçant la “dérive” culturelle et identitaire d'un projet qui n'affectait pourtant en rien les fondements de l'identité algérienne”, a-t-il rappelé. Ces oppositions sont également sociales. Sur le plan des mentalités, le chef de l'Etat s'élève contre “le préjugé conduisant à la dévalorisation des filières à caractère scientifique”. “Il me semble urgent de mettre rapidement en place une série de mesures susceptibles de vaincre la défiance des étudiants et des familles à l'égard des petits métiers, défiance qui s'exacerbe paradoxalement au moment précis où le secteur socio-économique souffre gravement de l'absence d'une main-d'œuvre spécialisée”, a-t-il annoncé. Le chef de l'Etat a bien évidemment saisi l'occasion pour mettre en valeur tous les investissements consentis par l'Etat en faveur du secteur de l'enseignement, depuis son arrivée au pouvoir. Le triplement du budget de l'éducation entre 1999 et 2005 en est l'illustration. Les résultats, quant à eux, se veulent incontestables : augmentation du nombre des infrastructures (23 000), de la moyenne de scolarisation (97%), régression “sensible” du taux d'analphabètes (26,5%) sont quelques-uns des succès énoncés par le Président. SAMIA LOKMANE