La compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach n'est pas encore sortie des ennuis judiciaires en Italie. Quelques mois après l'acquittement des responsables de son partenaire, Saipem, les procureurs de Milan ont fait appel. Cela ouvre la voie à un nouveau procès. Selon une information de l'agence Reuters, qui cite des sources judiciaires, "les procureurs de Milan ont fait appel de l'acquittement du groupe de services énergétiques Saipem dans un procès de longue durée concernant des allégations de corruption en Algérie." En janvier, une cour d'appel italienne avait acquitté Saipem des allégations selon lesquelles elle aurait versé aux intermédiaires environ 198 millions d'euros pour obtenir des contrats d'une valeur de 8 milliards d'euros avec la Sonatrach, rappelle l'agence britannique. Les enquêteurs de la justice italienne reprochent aux dirigeants de la compagnie Saipem, filiale du géant italien ENI, d'avoir versé de grosses sommes d'argent à des responsables algériens en contrepartie de l'octroi de marchés en Algérie. Les montants des transactions sont estimés à plus de 8 milliards de dollars, étalés de 2007 à 2010. Les sommes détournées sont, elles, estimées à 189 millions d'euros. Les principaux bénéficiaires seraient Chakib Khelil, Farid Bedjaoui et d'autres intermédiaires. Sont concernés par le procès, le directeur de Saipem à l'époque des faits, Pietro Tali, et son ex-directeur en Algérie, Pietro Varone, ainsi que l'ex-directeur financier de Saipem puis de l'ENI, Alessandro Bernini, et les prévenus algériens, Farid Bedjaoui, Samyr Ouraied, un proche de M. Bedjaoui, et Omar Habour, soupçonné d'avoir participé au blanchiment d'argent. L'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, dont le nom revient avec insistance dans les différents procès portant sur le sujet, n'a jamais été convoqué par la justice italienne. Son nom est évoqué, mais avec souvent des allusions à "un ministre algérien". En première instance, Saipem avait été condamnée à une amende de 400 000 euros et à la confiscation – en lien avec les autres condamnés – de 197 millions d'euros, considérés comme la valeur des pots-de-vin versés. En Algérie, l'affaire Sonatrach-Saipem, appelée "Sonatrach 2", est relancée après près de six ans de gel. La Cour suprême avait annoncé, à la fin de l'année dernière, la convocation prochaine de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Le dossier est toujours en instruction. Pendant ce temps, l'ancien proche d'Abdelaziz Bouteflika se trouve toujours en exil aux Etats-Unis où il vit avec sa famille. En 2013, la justice algérienne avait ouvert le dossier. L'ancien procureur général de la Cour d'Alger, l'actuel ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, avait lancé un mandat d'arrêt international contre Chakib Khelil et sa famille, Farid Bedjaoui et d'autres anciens cadres de la compagnie. Peu de temps après, le procureur général a été écarté, le ministre de la Justice, Mohamed Charfi, limogé et le dossier gelé. Chakib Khelil est même revenu au pays pour animer une série de conférences sans être inquiété.