La présentation des manifestants arrêtés vendredi par la police au cours de la marche empêchée à Tizi Ouzou a été marquée par un grand cafouillage, hier, au tribunal du centre-ville. Jusqu'à 16h, la présentation annoncée initialement pour la matinée n'avait toujours pas eu lieu. Même les avocats du collectif de défense des détenus qui devaient les assister ne savaient plus à quel saint se vouer. Informés à la mi-journée que la garde à vue des manifestants arrêtés est prolongée jusqu'à lundi matin, la quarantaine d'avocats qui se sont portés bénévoles pour assister ces manifestants ont quitté le tribunal. Mais voilà qu'en fin d'après-midi, ils ont appris auprès du parquet que la présentation en fin de journée n'était pas à écarter. Un bon nombre d'entre eux a alors repris le chemin du tribunal. Finalement, la présentation aura lieu aujourd'hui, selon des sources judiciaires. Pour ce qui est des manifestants concernés, les avocats de la défense ont précisé que sept d'entre eux sont placés en garde à vue depuis vendredi. Il s'agit de Hamroun Amar, Ameziane Takfarinas, Farsi Hacène, Kaid Fatah, Mebtouche Rafik, Moussa Hakim et Lemous Belkacem. Six autres manifestants arrêtés puis libérés à la fin de la marche en question ont été, également, convoqués au parquet pour la même matinée d'hier. Il s'agit, ont-ils précisé, de Driouche Yazid, Sahli Malik, Souibes Salim, Bekal Younes, Bareche Ahmed et Debiane Nourredine, dont la comparution a été également reportée. Devant le tribunal de Tizi Ouzou où la présentation devait avoir lieu, un imposant rassemblement de soutien a été observé depuis 9h. Des militants politiques, des élus nationaux et locaux, des syndicalistes, des activistes de la révolution populaire, des membres des familles des manifestants arrêtés ont participé à ce rassemblement qui se poursuivait encore à 16h, sous les yeux de nombreux policiers déployés devant le tribunal. Dans la matinée, les avocats ont également observé un rassemblement sur le perron du tribunal pour dénoncer "ces arrestations arbitraires" qui n'ont pas épargné même un de leurs confrères vendredi dernier, et aussi le flou entretenu par le parquet au sujet de la présentation des manifestants arrêtés vendredi. Dans une déclaration déjà rendue publique, avant-hier, le collectif des avocats pour le changement et la dignité s'est dit "inquiet de la tournure que les événements ont pris vendredi à Tizi Ouzou" et expliqué que "le recours à ces arrestations arbitraires démontre clairement l'acharnement des autorités à vouloir en découdre avec la défense, voix libre et encore digne du peuple". Pour sa part, le bureau régional du RCD à Tizi Ouzou a, tout en condamnant l'usage de la violence et les représailles à l'encontre des manifestants, qualifié ces arrestations de "tentative caractérisée du pouvoir de fait de mettre au pas la mobilisation citoyenne pacifique pour le départ du système".