L'officialisation de tamazight, jusque-là évacuée pour permettre l'avancée des autres dossiers, sera remise sur la table des négociations. Le comité de suivi regroupant les représentants de l'Etat et ceux du mouvement citoyen de Kabylie tiendra, demain après-midi, une réunion au Palais du gouvernement, apprend-on de sources informées. Au cours de cet énième round auquel prendront part le chef de l'exécutif, Ahmed Ouyahia, et l'ensemble de la délégation des archs, plusieurs points seront discutés dont notamment ceux figurant dans le chapitre revendications démocratiques et celui des revendications socio-économiques de la plate-forme d'El-Kseur, ajoutent les mêmes sources. Les deux parties poursuivront les discussions sur la très sensible question de l'officialisation de tamazight en tant que langue nationale et officielle. Même si le principe de règlement définitif de cette question est, dit-on, acquis, il reste que des réserves persistent sur les aspects relatifs au timing et à la procédure de mise en application de cet engagement. Deux détails qui ne sont pas encore définis et arrêtés par les deux parties en raison des divergences de vues. La séance de demain sera l'occasion de faire le point sur les différents aspects traités et réglés au cours des précédentes rencontres. Le dialogue gouvernement-archs entamé en janvier dernier tire à sa fin. La quasi-totalité des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur ont fait l'objet d'intenses débats entre les deux parties, et un terrain d'entente a été trouvé en attendant leur prise en charge effective. L'autre point qui sera abordé a trait à l'allocation-chômage. Les deux aspects seront examinés et étudiés et des solutions seront proposées dans le cadre du règlement global de la crise de Kabylie. La rencontre de demain intervient, il y a lieu de le signaler, à la veille d'un conclave de l'interwilayas qui sera organisé ce jeudi dans la commune de Béni Ourtilane (Sétif). Outre l'évaluation de l'état d'avancement du dialogue qui sera largement discuté par les délégués du mouvement, on croit savoir qu'un débat sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale, soumise à référendum le 29 septembre prochain par le président de la République, sera lancé lors de cette réunion. Le texte présidentiel sera analysé et décortiqué au cours de cette rencontre qui se tiendra à quelques jours du meeting qu'animera le chef de l'Etat à Tizi Ouzou, prévu pour lundi prochain. Une visite, la première depuis six ans, que certaines sources présentent comme importante pour la région. On prête au président de la République l'intention de faire des annonces “surprises” sur des questions éminemment politiques et économiques. Ces “fuites” délibérément organisées par certains milieux restent de simples conjectures difficiles à vérifier avant le meeting du président de la République qui a l'habitude, cependant, de surprendre son auditoire. S'agissant de la position du mouvement citoyen sur le document présidentiel, le débat risque de se prolonger au-delà de la rencontre de ce week-end. La position ne sera connue qu'à l'issue de la prochaine réunion de l'interwilayas pour permettre aux délégués d'approfondir la discussion sur certains paragraphes de la charte qui abordent les perspectives de la promotion et la préservation des éléments de l'identité et la personnalité nationales. Dans la dernière partie du texte présidentiel, il est écrit que “tout en soulignant sa volonté d'ancrer l'Algérie dans la modernité, il proclame sa détermination à œuvrer à la promotion de sa personnalité et de son identité. Le peuple algérien appelle chaque citoyen et chaque citoyenne à apporter sa contribution au renforcement de l'unité nationale, à la promotion et à la consolidation de la personnalité et de l'identité nationales et à la perpétuation des nobles valeurs de la déclaration du 1er Novembre 1954, à travers les générations. Convaincu de l'importance de cette œuvre qui mettra les générations futures à l'abri des dangers d'un éloignement de leurs racines et de leur culture, il charge les institutions de l'Etat de prendre toutes les mesures de nature à préserver et à promouvoir la personnalité et l'identité nationales, à travers la valorisation de l'histoire nationale ainsi que dans les domaines religieux, culturel et linguistique”. Ces phrases constituent l'esquisse d'une politique que le pouvoir compte traduire en texte au lendemain du référendum du 29 septembre prochain. Cette partie du texte présidentiel appelle à un examen approfondi et à une lecture entre les lignes. S'agit-il d'un artifice pour officialiser tamazight en tant que langue nationale et officielle dans le cadre d'un référendum global ? C'est une lecture parmi tant d'autres… M. A. O.