Mohcine Belabbas affirme que ce "lynchage médiatique" tend à "porter atteinte à l'image de son parti qui refuse de monnayer son autonomie décisionnelle". C'est un nouveau bras de fer qui oppose les autorités au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Au ministère de l'Intérieur qui lui reproche de s'adonner à des "activités sans lien avec le parti", la formation politique accuse "la dictature en place" de vouloir remettre en cause "le multipartisme". Dans une déclaration rendue publique hier, le Rassemblement pour la culture et la démocratie, rappelle qu'il ne se réduit pas à "un agrément ou à des locaux". "C'est d'abord un courant de pensée, une histoire dans le combat démocratique et un idéal de société partagé par des milliers d'Algériennes et d'Algériens (...) Les milliers de militants et les centaines d'élus qui agissent dans ses rangs sont des acteurs de la liberté dont le sacrifice fait honneur aux combats et à l'Histoire de tout un peuple", écrit le parti qui évoque une "remise en cause du multipartisme" et dénonce une "persécution politique" et un "lynchage médiatique" "dans le but de porter atteinte à l'image d'un parti qui refuse de monnayer son autonomie décisionnelle". Pour le parti de Mohcine Belabbas, "(...) le coup de force du 12 décembre 2019 ne peut s'accommoder de demi-mesures". "À défaut de légitimité démocratique et de compétence politique, les dirigeants de fait pensent pouvoir assurer la pérennité d'un système mafieux honni par l'écrasante majorité des Algériens par la répression politique, la restriction des libertés publiques en termes de presse, de réunions, la violation des droits de l'Homme et, bien évidemment, la remise en cause du multipartisme", note le document qui accuse le pouvoir d'être une "dictature". Dans la foulée, l'association Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) accuse le pouvoir de viser à "affaiblir la force de proposition, d'organisation, de mobilisation pacifique de la société et faire taire toute action politique s'opposant à son autoritarisme" en s'attaquant aux partis, aux organisations et aux structures autonomes et organisées de la société. Pour le militant politique Djamel Zenati, la menace de dissoudre le RCD est "un prélude à une escalade dangereuse". L'homme s'interroge sur "qui cherche le chaos ?". Menace de dissolution... La veille, le ministère de l'Intérieur avait adressé une "mise en demeure au RCD" lui reprochant de porter atteinte "aux caractéristiques de l'Etat et à ses symboles", de donner l'opportunité à "une organisation illégale, qui vise à diviser le pays, de faire des déclarations trompeuses" au cours d'une réunion publique autorisée du parti et d'utiliser le siège du parti pour "la tenue de réunions d'une organisation non agréée" ainsi que pour "des activités en dehors des objectifs tracés, comme l'hébergement de personnes étrangères au parti à des fins de mobilisation et de participation à des activités visant à porter atteinte à l'ordre public". Il est également reproché au parti d'avoir organisé des "activités non autorisées sur la voie publique", "ce qui constitue une transgression des dispositions réglementaires de prévention et de lutte contre la propagation du coronavirus et une exposition des citoyens au risque de contracter cette maladie". Ces remarques ont été accompagnées d'une menace claire de faire recours à la loi. "(...) il vous est demandé, en vertu de cette mise en demeure, de cesser ces dépassements et de conformer vos activités aux dispositions de la Constitution et de la loi organique relative aux partis politiques ainsi que la loi relative aux rassemblements et manifestations publiques, sous peine de prendre les dispositions prévues par la loi", note le secrétaire général du ministère de l'Intérieur. Le RCD a compris que c'est une menace qui vise sa dissolution. Et pour faire connaître leurs intentions, les autorités ont diffusé la mise au point par le biais des chaînes de télévision proches du pouvoir et à travers les médias officiels qui n'ont bien sûr pas pris en compte le communiqué du RCD. Ce n'est pas la première fois que les autorités s'en prennent au RCD. Au début de l'année, une chaîne de télévision qu'utilisent les autorités a rapporté des informations non sourcées évoquant l'arrestation de jeunes à Bouira qui transporteraient de "la drogue" pour "l'écouler au siège du RCD" à Alger. Pis encore, quelques semaines auparavant, les services de sécurité avaient également mis en garde le RCD contre "les nuisances sonores" provoquées par des citoyens qui passaient la nuit au siège du parti. Les autorités reprochaient, en fait, au parti politique d'abriter des manifestants qui s'abritaient dans le siège de la formation politique chaque jeudi soir. En plus de se distinguer par des carrés de manifestants qui participaient chaque vendredi aux marches populaires, le RCD a également pour habitude d'ouvrir ses portes aux réunions du Pacte pour l'alternative démocratique (PAD) dont les rencontres sont souvent interdites par les autorités.