Cette initiative est prise par l'aile opposée au dialogue entre les archs et le gouvernement. À l'issue d'un conclave tenu jeudi dernier dans la région des Ouadhias, les délégués de l'aile non dialoguiste des archs ont pris l'initiative d'appeler à une rencontre, ce jeudi, dans la même localité, qui regrouperait toutes les forces démocratiques qui ont comme position commune le rejet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale soumise à référendum le 29 septembre prochain. Selon les délégués de cette aile, une commission chargée de prendre attache avec les représentants de ces partis et organisations a été installée et a déjà même obtenu les accords de principe du RCD, du CCDR, du MDS, du CMA et de la LADDH. Les contacts seront élargis, expliquent les délégués, à d'autres partis politiques tels que le FFS, l'ANR et d'autres partis et organisations autonomes qui ont rejeté le projet de Bouteflika. L'objectif de cette rencontre, qui sera suivie juste après d'un conclave interwilayas des archs non dialoguistes, est, selon ses initiateurs, d'adopter à court terme une déclaration commune de rejet de la charte proposée par Bouteflika pour réussir un rejet massif en Kabylie, dénoncer la visite de celui-ci et constituer, à long terme, un front démocratique qui regroupera toutes les forces saines et vives de la société qui sont désormais d'ailleurs contraintes de conjuguer leurs efforts pour pouvoir proposer des alternatives et surtout de résister à la démarche du pouvoir qui veut faire taire et étouffer toutes les voix contestataires en Algérie. Au sujet de cette démarche du pouvoir justement, les délégués non dialoguistes estiment qu'elle sera renforcée encore davantage une fois que le peuple aura adopté la charte pour la paix et la réconciliation. “Elle garantit l'impunité et bannit toute résistance au pouvoir”, dira à ce sujet Hocine Azem, délégué des Ouadhias. Hachim Mohand-Ouamar, de la même coordination, n'en pense pas moins. Pour lui, “le texte va enterrer la démocratie vivante, et l'adoption de cette charte sera un chèque en blanc à Bouteflika qui cherche à instaurer un pouvoir absolu”. Ces délégués disent être convaincus que le pouvoir joue sur la fibre de la paix parce qu'il sait qu'aucun Algérien ne peut refuser la paix, mais le problème est dans le contenu de la charte proposée. “C'est un projet qui vise l'absolution des crimes mais qu'on a habillé avec le mot paix”, dira Mohammed Saïdoune, convaincu qu'après ce référendum, il y aura encore de la violence. Le délégué de Maâtkas, Rabah Issadi, ne voit qu'“un passage du reniement à la compromission”. “C'est la plus grande duperie qu'on n'ait jamais vue auparavant. Dans la forme, Bouteflika propose la paix alors que dans le contenu, il vise un pouvoir absolu pour une durée indéterminée”, conclura-t-il. Samir Leslous