Lors d'une réunion de la commission de sécurité élargie, tenue dans l'après-midi d'hier, le wali de Sétif, Mohamed Belkateb, a instruit les différents intervenants à faire preuve de plus de vigilance pour faire face à la pandémie. Le premier responsable de la wilaya a appelé à redynamiser les différentes mesures prises auparavant, particulièrement en ce qui concerne les enquêtes épidémiologiques, notamment après la réception de deux laboratoires de la PCR. Il a aussi demandé de fermer les espaces commerciaux où les mesures barrières ne sont pas respectées tout en interdisant l'organisation de cérémonies de mariage et même de funérailles et présenter tout contrevenant devant la justice. Il a rappelé qu'après quatre jours, une réunion sera tenue pour évaluer la situation et du coup formaliser des propositions à la commission nationale. Le wali n'a pas écarté l'option de recourir à un confinement partiel par localité, voire par cité, afin de ne pas pénaliser toute la population de la wilaya et des wilayas limitrophes. A cet effet, il a indiqué que 24 sur 60 communes que compte la wilaya n'ont enregistré aucun cas depuis le début de la pandémie. Dans la wilaya de Sétif, la situation est très inquiétante au point que les citoyens qui attendent des gestes forts des autorités locales et nationales sont dans le désarroi et ne savent plus à quel saint se vouer. L'annonce, hier, de 75 nouveaux cas de coronavirus dans la wilaya, qui s'ajoutent aux 64 recensés mardi, a attisé l'ire des Sétifiens qui ne trouvent pas un seul lit d'hospitalisation, notamment pour les malades souffrant de détresse respiratoire et qui nécessitent une prise en charge spécialisée au service de réanimation du CHU Sâadna-Abdennour de Sétif qui ne compte que 14 lits. Hier, plusieurs dizaines de patients testés positifs étaient entassés au service des urgences médico-chirurgicales. "Pour un service de 10 lits, nous comptons chaque jour une trentaine de patients dont certains sont en détresse. Ils passent la nuit à même le sol. Pis encore, l'insuffisance d'oxygène, voire le débit faible avec des coupures fréquentes, nous empoisonne la vie. Cela est dû à l'utilisation par divers services d'une source d'oxygène qui date de plusieurs années", nous dira le Pr Kamel Bouchenak, médecin chef du service des UMC du CHU. Et de renchérir : "Nous sommes débordés car bon nombre de médecins et paramédicaux ont été atteints. Je peux même vous dire que nous sommes dépassés et que nous ne maîtrisons plus la situation. C'est apocalyptique et une intervention des autorités est nécessaire afin de sauver ce qui peut encore l'être." Notre interlocuteur nous a indiqué que chaque jour, son service déplore le décès de deux ou trois personnes. "Cela fait une dizaine de jours que des patients qui ne sont pas pris en charge faute de lits de réanimation décèdent aux urgences. C'est le lot quotidien", dira le Pr Bouchenak. De son côté, un paramédical du service de médecine interne nous a indiqué que tous les lits du CHU sont occupés et le nombre de malades et de décès ne cesse d'augmenter au point que l'institut de formation professionnelle ouvert depuis quelques jours est saturé et qu'en plus des patients testés positifs, il reçoit également les patients suspects. "Chaque jour, nous assistons au décès d'une dizaine de personnes au point que la morgue est pleine. Souvent les cadavres sont remis aux parents dans une housse. Ils sont enterrés sans la présence de l'APC sous prétexte que le résultat de la PCR n'est pas parvenu à temps et qu'ils ne peuvent garder plus longtemps les corps des victimes de la Covid-19. Il faut aussi libérer les places à la la morgue." Les enquêtes épidémiologiques recommandées par la commission Belhocine sont, au grand dam des proches et parents des patients positifs, toujours ignorées. "Mon père est hospitalisé depuis quelques jours, et aucun responsable du service d'épidémiologie et de médecine préventive ne nous a contactés", nous dira un médecin. Il est à noter que toutes les structures du secteur de la santé de la wilaya de Sétif nécessitent une thérapie de choc, afin de sauver des vies et de rassurer, un tant soit peu, une population désemparée.