Depuis presque une semaine, Oran est en train de devenir l'épicentre de la Covid-19 au vu des chiffres communiqués sur les nouveaux cas de contaminés. La raison de cette recrudescence est donc due au comportement irresponsable de la population, selon les explications du Dr Boukhari, chef du service prévention à la Direction de la santé et de la population (DSP) d'Oran lors de son intervention sur les ondes de la radio locale El-Bahia, en début de semaine. Pour illustrer ses assertions, il évoque l'état des transports publics, considérant que la majorité (90%) des transporteurs et des usagers des bus desservant les principales lignes d'Oran ne respecte pas les mesures de prévention. Une explication partagée par le professeur Abdelaziz Tadjeddine, chef du service épidémiologie et médecine préventive à l'hôpital pédiatrique de Canastel, qui estime qu'on n'a pas bien géré cette reprise des transports publics et appelle à généraliser le port du masque aussi bien dans les taxis que dans les véhicules personnels. Le Dr Boukhari a également indiqué que le non-port du masque dans les rues et les lieux publics a contribué à cette recrudescence. Deux jours après l'annonce du gouvernement quant au port obligatoire du masque, rien ne semble changer dans les habitudes des citoyens qui continuent à ignorer les appels au respect des gestes barrières. Cette situation est d'autant plus palpable qu'elle est visible à l'œil nu et sur dix personnes ; trois seulement portent un masque de protection. Hier, dans l'enceinte du tribunal de la cité Djamel, peu de gens se souciaient vraiment de cette mesure préventive. Aussi bien dans les espaces publics que dans les administrations, il est difficile d'imposer le port du masque éprouvant surtout en ces temps de grande chaleur, affirme-t-on. Mais pour le Pr Tadjeddine, on ne peut pas se défausser sur le simple citoyen puisque le déconfinement, tel qu'il a été pensé, n'a pas été bien préparé. "On a évoqué la lucidité de préparer la deuxième vague, mais il n'y a pas eu de dépistage conjugué à l'insuffisance des moyens dont les masques", précise-t-il. "On veut imputer cette recrudescence aux citoyens qui ont leur part de responsabilité, mais il faut aussi comprendre que les gens doivent bouger, travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles. On ne peut pas garder les gens indéfiniment enfermés, ils auraient pu déconfiner autrement." Comme alternative, notre interlocuteur pense que si le reconfinement n'est plus possible, "il faut faire en sorte de procéder au tracing des contacts directs et indirects par quartiers qui enregistrent les cas les plus importants et les bloquer". Le Dr Boukhari estime, par ailleurs, que cette recrudescence est le résultat du relâchement enregistré aux lendemains des fêtes de l'Aïd et des deux jours de déconfinement durant le Ramadhan. Rappelons, à ce propos, que le Premier ministre avait annoncé, fin avril, l'élargissement des secteurs d'activité et l'ouverture de certains commerces, mais parmi ces derniers, quelques-uns n'avaient même pas attendu la décision de Djerad pour ouvrir comme ce fut le cas des vendeurs saisonniers de gâteaux traditionnels.