Le procès de Mahieddine Tahkout se tiendra, finalement, le 6 juillet prochain au terme d'une bataille de procédure engagée dans une cacophonie générale. Le juge du tribunal de Sidi M'hamed a décidé, hier, de le différer pour la troisième fois afin de "réunir les conditions nécessaires pour la tenue d'un procès en ces temps de pandémie". Le juge qui a insisté depuis la matinée sur la nécessité d'ouvrir le procès, n'a pu convaincre la défense qui, plus de deux heures avant l'ouverture, a signifié son refus d'assister. La défense a justifié sa décision par le retard observé dans la mise à sa disposition de l'ordonnance de renvoi du dossier du transport traité par la Cour suprême, vu la qualité de certains accusés qui ont bénéficié du privilège de juridiction. Il s'agit des deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, et d'ex-membres du gouvernement dont Amar Ghoul ancien ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane, ex-ministre des Transports, Youcef Yousfi, ex-ministre de l'Industrie ainsi que plusieurs walis. Ces anciens hauts responsables sont accusés d'"octroi délibéré d'indus privilèges à autrui lors de la passation de marchés en violation des dispositions législatives et réglementaires et abus de fonction délibéré par un agent public en violation des lois et réglementations". Dans la matinée, le juge a demandé au parquet la possibilité de faire la jonction entre les deux dossiers dans lesquels Mahieddine Tahkout est poursuivi. Se référant à un texte de loi, le procureur a estimé que les deux dossiers, à savoir celui relatif au montage automobile et celui du transport, "ont plusieurs points communs", d'où "la nécessité de les jumeler". Ce que la défense n'a pas apprécié et a décidé ainsi de se retirer une première fois pour cause de confusion provoquée par un ancien avocat radié du barreau, selon les dires de Me Sellini, du barreau d'Alger. Présent dans la salle, le bâtonnier, Me Sellini, a demandé aux avocats de quitter la salle d'audience, jusqu'à ce que "la justice applique les décisions prises à l'encontre" de l'avocat en question. Peine perdue, le concerné ne quittera pas la salle et restera seul devant le juge et le procureur qui lui expliquent qu'il n'a pas la qualité pour se constituer dans cette affaire. Les va-et-vient du juge et des avocats se sont produits devant les regards ahuris des accusés — une dizaine — entassés dans le box. Malgré l'absence des avocats, le juge a appelé tous les prévenus et les témoins. Il a surtout appelé celui qui était plusieurs fois Premier ministre, Ahmed Ouyahia en l'occurrence, pour l'auditionner avant que les avocats de la défense ne fassent irruption dans la salle pour exiger le report du procès évoquant "l'absence de conditions sanitaires" pour sa tenue. C'est à ce moment que le juge décide d'obtempérer et de le renvoyer au 6 juillet prochain. À rappeler que Mahieddine Tahkout est poursuivi avec des membres de sa famille et plus d'une vingtaine d'autres accusés de "corruption, de blanchiment d'argent, de transfert illicite de devises vers l'étranger, de conflit d'intérêts, de mauvaise utilisation de la fonction, de passation de marchés publics en violation de la législation...".