Après trois jours de garde à vue et une nuit d'incarcération, l'activiste Fodil Boumala a été libéré de la prison d'El-Harrach, suscitant l'incompréhension et les interrogations des observateurs. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - C'est un cas inédit qui s'ajoute à celui de Karim Tabbou dont la peine a été aggravée à la veille de sa libération de la prison de Koléa dans un procès en appel qualifié par les avocats de «scandaleux» et de «précédent» dans les annales de la justice. A la surprise générale, Fodil Boumala a été libéré jeudi matin de la prison d'El-Harrach une nuit seulement après sa mise sous mandat de dépôt par le tribunal de Dar-el-Beïda. Présenté mercredi devant le juge et poursuivi en vertu des articles 96, 146 et 100 du code pénal pour «incitation à attroupement non armé», «outrage à corps constitué» et «présentation de publications de nature à nuire à l'intérêt national», ce dernier a retenu la mise sous mandat de dépôt à son encontre avec report de son procès au 21 juin. Les avocats ont alors dénoncé une détention arbitraire contraire à la loi. Le lendemain matin, alors que personne ne l'attendait, Fodil Boumala quitte la prison après «la rectification de l'erreur judiciaire !», selon des défenseurs des droits de l'Homme. Un cas inédit dans les poursuites des activistes du mouvement populaire du 22 février au moment où des partis politiques, organisations de la société civile et militants dénoncent la multiplication des arrestations et détentions, accusant le pouvoir de mettre en danger la vie des citoyens en période de confinement sanitaire. Le procès de Fodil Boumala, qui a déjà été acquitté dans une précédente affaire pour laquelle il a passé plusieurs mois en détention, aura lieu, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), le 2 juillet prochain. Ce comité a recensé plus de 60 détenus du Hirak répartis sur 23 wilayas du pays. Plusieurs procès d'autres détenus seront tenus à la même date. Concernant l'affaire de l'activiste Amira Bouraoui, arrêtée mercredi dernier et après des interrogations sur le lieu de sa détention, l'avocate Zoubida Assoul a affirmé que la gynécologue est en garde à vue à la brigade de la Gendarmerie nationale de Sidi Slimane à Alger. Mme Assoul a signalé qu'Amira Bouraoui a pu appeler sa famille. Elle sera probablement présentée au tribunal en début de semaine. Toujours dans le cadre des affaires concernant les militants et activistes du mouvement populaire, le CNLD a annoncé que le tribunal de Bir-Mourad-Raïs a placé Mustapha Guira sous mandat de dépôt, en attendant de poursuivre l'enquête. Il est poursuivi pour incitation à attroupement, détention et distribution de publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national, détention d'un compte Facebook faisant circuler de fausses informations, promotion des actes et activités appelant à la haine et au racisme, participation à un projet visant à atteindre au moral des troupes de l'armée en temps de paix, a ajouté la même source. Cette dernière a rapporté, en outre, l'arrestation de Djamel Djadder par les éléments de la brigade de Gendarmerie nationale de Azzaba (Skikda), dans la soirée de ce jeudi 18 juin. «Il est placé en garde à vue et sera présenté devant le procureur du tribunal dimanche matin», a précisé le CNLD. K. A.