La compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach vient de confirmer des réductions conséquentes dans ses dépenses globales, dans le sillage de la crise que traverse actuellement le pays. Il y a quelques années, la conjoncture pétrolière et gazière dans le monde était porteuse d'une croissance marquée des investissements destinés à augmenter la production d'hydrocarbures, ainsi que leur transformation en produits pétroliers et pétrochimiques. Mais l'euphorie n'a pas duré et la conjoncture actuelle du marché n'est pas celle d'il y a dix à douze ans. Les prix se détériorent dans des proportions significatives, ne laissant pas entrevoir une amélioration des investissements dans l'amont pétro-gazier dans le pays. La réalité prend ainsi le pas sur les prévisions établies avant la crise sanitaire et contraint Sonatrach à revoir l'ordre de ses priorités, opérant des coupes radicales dans ses dépenses, les faisant passer de 14 à 7 milliards de dollars, ce qui est un niveau assez bas. Dans les années fastes, la compagnie nationale investissait environ 20 milliards de dollars par an dans différents segments du secteur des hydrocarbures. Pour autant, le P-DG du groupe, Toufik Hakkar, se veut rassurant et s'efforce de dissiper les inquiétudes concernant la pérennité de la croissance et les risques inhérents à la crise pétrolière et sanitaire. S'exprimant tout récemment en marge de la cérémonie de signature de plusieurs accords de coopération avec la compagnie énergétique italienne Eni, Hakkar a ainsi expliqué que certains projets, dont il faut réétudier la réalisation, ont été repoussés dans le temps et que les projets d'exploration et de production jugés importants ont été maintenus. De son point de vue, la baisse de moitié des dépenses du groupe n'impactera pas l'activité de production. Elle sera compensée par des partenariats, a-t-il soutenu, ajoutant que le fait de travailler en partenariat permet de partager les coûts. Il serait, cependant, difficile à Sonatrach de pouvoir poursuivre son effort d'optimisation des dépenses, en réduisant de 30% le budget d'exploitation au 31 décembre 2020, sans toutefois compromettre les facteurs de production. C'est en effet un casse-tête difficile à résoudre a fortiori dans une conjoncture où la compagnie manque de ressources et où les partenaires étrangers ne se bousculent pas au portillon. Principale pourvoyeuse de devises pour l'Algérie, Sonatrach n'a d'autre choix que d'œuvrer à renouveler les réserves du pays en hydrocarbures et de tirer vers le haut la production. Mais entre vouloir l'augmenter et prendre des décisions réalistes, il y a parfois des arbitrages difficiles. Pour certains experts, dans des circonstances exceptionnelles, il peut s'avérer nécessaire de modifier les objectifs. Dans ses projections d'avant l'épidémie, Sonatrach tablait sur une production cumulée, sur la période 2019-2021, de l'ordre d'un milliard de tonnes équivalent pétrole (TEP), évoluant à un rythme annuel moyen de 3,7%. Il apparaît que même cet objectif peu ambitieux sera difficile à atteindre. Au chapitre de modernisation et de développement des capacités de raffinage, l'entreprise a mis aussi au point un ambitieux programme d'investissements devant renforcer les capacités actuelles de production des raffineries. Au moins, ce plan ne devrait pas être touché par la cure d'amaigrissement des dépenses d'investissement.