La veille de la célébration de la fête de l'indépendance, Abdelmadjid Tebboune a accordé une interview à la chaîne française, France 24. Le chef de l'Etat s'est exprimé sur les relations algéro-françaises et les questions internes. Le chef de l'Etat est longuement revenu sur les relations, souvent difficiles, qu'entretiennent l'Algérie et la France. Il a estimé avoir "senti" chez le président français, Emmanuel Macron, que, avec lui, "nous pouvons aller loin, dans l'apaisement, dans le règlement des problèmes de la mémoire". Le président français est "quelqu'un de très honnête, qui veut apaiser la situation (...) qui veut permettre à nos relations de devenir des relations normales", a-t-il encensé. Le président français, "propre historiquement" a été "réceptif" à la demande algérienne concernant les questions mémorielles. Il dit souhaiter "des excuses" pour avoir des relations "plus sereines". Au niveau interne, Abdelmadjid Tebboune a annoncé sa volonté de "poursuivre" la politique d'apaisement, en libérant un maximum de détenus politiques. Mais cela se fera, selon le chef de l'Etat, dans "le respect de l'indépendance de la justice". "En tant que président de la République, j'exercerai mes prérogatives de grâce à chaque fois que cela est nécessaire", a-t-il précisé. Il a accusé, sans les nommer, certains détenus politiques d'avoir "incité à la mutinerie" et d'avoir "insulté" ce qui "est interdit par la loi". Il a annoncé qu'il était "possible" d'aller vers la libération d'autres détenus. "Nous allons vers une période qui nécessite l'apport de tous les Algériens et Algériennes (...) nous allons vers un climat beaucoup plus apaisé (...) qui permettra d'aller vers les changements que j'ai promis personnellement", a-t-il annoncé. Interrogé sur les mesures prises par les autorités pour lutter contre la Covid-19, le chef de l'Etat, qui a rappelé toutes les mesures prises jusque-là, a indiqué qu'il n'excluait pas des mesures de reconfinement au cas où la situation échappait au contrôle des autorités. "De toute façon, nous exécutons les décisions du Conseil scientifique. Si les scientifiques voient qu'il y a un impératif à aller vers un confinement, même partiel dans une même ville, un quartier ou autre, on le fera", a-t-il affirmé. "On s'y attendait un peu", a-t-il indiqué évoquant la reprise des cas de contamination. "La progression est liée à des contacts familiaux", a-t-il encore indiqué. Pour l'ouverture des frontières, le chef de l'Etat n'a pas fermé la porte à cette éventualité, mais n'annonce pas de décision dans l'immédiat. Sur le plan économique, le chef de l'Etat a exclu, une nouvelle fois, le recours à l'endettement extérieur. "Nous préférons éviter le FMI", a tranché Abdelmadjid Tebboune. Interrogé sur le 5e mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika, Abdelmadjid Tebboune indique qu'il n'a jamais été "pour" cette option. "Je trouvais que c'était aberrant, parce que pour l'avoir approché comme Premier ministre, il n'avait plus la parole". Au sujet de la Libye, Abdelmadjid Tebboune a redit la disponibilité de l'Algérie d'accueillir le dialogue interlibyen dont la situation risque de virer au scénario "somalien". Cette interview constitue "la surprise" des autorités algériennes. La chaîne France 24, financée en partie par les autorités françaises, était jusque-là "indésirable" en Algérie. Mais pour l'occasion, une équipe rédactionnelle s'est spécialement déplacée de Paris. Sur le plan technique, l'interview a été prise en charge par une équipe algérienne, managée par un ancien journaliste du service public.