La situation de Khaled Drareni se débloque. Après 100 jours de détention, le dossier du journaliste a été transféré, hier, à la chambre correctionnelle du tribunal d'Alger pour la programmation de son procès. L'annonce a été faite, hier, par les avocats du détenu. Théoriquement, le transfert du dossier de Khaled Drareni à la chambre correctionnelle est le début du processus qui le conduira au procès. Une fois la date du procès fixée — les délais ne doivent pas excéder 20 jours —, le journaliste sera fixé sur son sort. Soit il sera jugé et condamné, soit il sera mis en liberté provisoire dans l'attente de son procès. Les avocats espèrent en tout cas que leur mandant bénéficiera de l'ambiance en cours dans le pays : la date sera fixée très rapidement — peut-être aujourd'hui, espère par exemple Me Zoubida Assoul — de sorte que la chambre d'accusation puisse libérer Khaled Drareni dans l'attente de son procès, qui sera vraisemblablement reporté à septembre. C'est ce qui s'est passé récemment dans le dossier d'Amira Bouraoui, par exemple. Arrêté en mars dernier lors d'une manifestation pacifique à Alger, la dernière avant le confinement sanitaire, Khaled Drareni, emprisonné dans un premier temps à El-Harrach, avant son transfèrement à Koléa, est poursuivi pour "attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale". Il est poursuivi dans le même dossier que l'activiste Samir Belarbi et Slimane Hamitouche. Etrangement, ces deux militants ont été libérés le 2 juillet dernier. Mais pas Khaled Drareni qui reste ainsi en détention. La détention du journaliste, correspondant en Algérie de Reporters sans frontières et de la chaîne TV5 Monde, a soulevé une vague d'indignation en Algérie et dans le monde. Des pétitions ont été signées un peu partout dans le monde et des organisations non gouvernementales ont exhorté les autorités algériennes à libérer le journaliste. Comme réponse, le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, avait insinué, lors d'une sortie médiatique, que Khaled Drareni aurait été arrêté pour espionnage. Ses avocats ont vivement réagi dans une tribune où ils accusent le chef de l'Etat d'avoir violé le principe de la présomption d'innocence. La famille du journaliste, dont l'oncle paternel est un martyr de la Guerre de libération, a adressé une lettre publique au chef de l'Etat, lui demandant de libérer Khaled Drareni. Lors de sa dernière sortie médiatique, une interview accordée à la chaîne française France 24 à la veille de la commémoration de l'anniversaire de l'indépendance, Abdelmadjid Tebboune a laissé la porte ouverte à la libération d'autres détenus. "Nous allons vers une période d'apaisement", a promis Abdelmadjid Tebboune. Beaucoup de militants et d'observateurs espèrent que cette déclaration s'appliquera aussi à Khaled Drareni.