Arrêté sous Bouteflika, malmené par Gaïd Salah, le général Hocine Benhadid peut enfin recouvrer sa dignité. L'homme qui a défié le chef d'état-major d'Abdelaziz Bouteflika a été réhabilité. Convié à la cérémonie organisée par le ministère de la Défense nationale pour commémorer le 58e anniversaire de l'Indépendance, Hocine Benhadid a été reçu par le chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'Armée, Saïd Chanegriha. Pour donner de la hauteur à l'événement, qui s'est déroulé dimanche soir au Cercle de l'Armée à Beni Messous, le ministère de la Défense nationale a diffusé une photo du général Hocine Benhadid, assis sur un fauteuil roulant, entouré de personnalités, dont le général de corps d'Armée, Saïd Chanegriha. Ce dernier voulait visiblement montrer que l'ancien général, à la retraite depuis très longtemps, n'est pas un paria. Cette invitation adressée à Hocine Benhadid pour participer à cette cérémonie, aux côtés du Premier ministre et de tout ce que comptent l'armée et le gouvernement comme figures importantes, a, en effet, un caractère symbolique. Car, depuis 2016, la vie du général Benhadid, qui a activement participé à la lutte antiterroriste durant les années 1990 (au même titre que Saïd Chanegriha), est tourmentée. Des prises de position politiques et publiques ont valu au militaire de fréquents séjours en prison. Ni sa santé fragile ni les arguments de sa défense, qui ont plaidé le droit de l'ancien militaire à une activité publique, n'ont épargné l'homme qui a choisi le chemin difficile de la liberté de parole au lieu de couler des jours heureux après sa mise à la retraite. Une publication dans la presse, puis une déclaration sur RadioM ont valu au vieux général deux années de prison. Il a été arrêté comme un délinquant sur le bord de l'autoroute à Chéraga. L'ancien chef d'état-major de l'ANP, cible de ses critiques à l'époque, ne s'est pas limité à l'action judiciaire. Il a fait adopter une loi astreignant les anciens militaires à l'obligation de réserve, longtemps après la fin de leurs fonctions. Malgré un séjour douloureux à la prison d'El-Harrach, Hocine Benhadid n'a rien nié de ses engagements. Condamné à trois ans de prison, dont deux fermes, il quitte le pénitencier en mars 2018. Il apporte un soutien public à Ali Ghediri lorsque cet autre ancien général, également adversaire déclaré de Gaïd Salah, était candidat à l'élection présidentielle avortée d'avril 2019. Mais la vie en liberté du général Benhadid n'a pas duré longtemps. En avril 2019, l'homme a publié une contribution dans la presse pour demander à l'ancien chef d'état-major de l'armée de privilégier la solution politique au détriment de la répression qui se profilait contre le Hirak. Bis repetita ! Quelques semaines plus tard, l'homme se retrouve, une nouvelle fois, derrière les barreaux. Il est accusé de "porter atteinte au moral des troupes". Vite, son état de santé se dégrade. Transféré vers l'aile carcérale de l'hôpital Mustapha-Pacha, le général à la retraite a failli y laisser sa vie. Mais il a survécu. Il n'a été remis en liberté qu'en janvier 2020, soit quelques semaines après le décès du général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah. Depuis, le général Benhadid a choisi de vivre dans la discrétion. Il vient de retrouver la lumière. Même si son état de santé est visiblement au plus mal.