Il a entretenu le bras de fer jusqu'au bout en s'opposant, en vain, à la tenue du congrès extraordinaire, jugé "antistatutaire", prévu ce jeudi à Alger. De guerre lasse, peut-être, de crainte d'essuyer une douche écossaise, pour éviter l'exacerbation de la crise, ou pour ne pas cautionner une démarche "contraire à ses convictions", selon ses arguments, Ali Laskri, membre de l'instance présidentielle du FFS, préfère jeter l'éponge en décidant de ne pas participer à ce congrès. "J'informe les militant(e)s que je ne serai pas présent au congrès extraordinaire, mes convictions et ma détermination sur la nécessité du changement du système ne me permettent pas de cautionner une rencontre de mise en conformité et de normalisation du parti", écrit-il dans une lettre aux militants publiée hier. "Je vous informe que ma présence sera contraire à toutes mes prises de position politique et contraire aux revendications du FFS depuis l'indépendance et du mouvement révolutionnaire pacifique depuis le 22 février 2019. C'est aussi cautionner la démarche non statutaire et l'absence des conditions de préparation qui ne sont pas réunies en cette période de crise sanitaire", justifie-t-il. Partisan de la tenue d'un conseil national, lequel ne s'est pas réuni depuis janvier 2019, Ali Laskri s'est retrouvé en minorité depuis la démission, fin février dernier, de trois membres de l'instance présidentielle, en l'occurrence Mohand Amokrane Chérifi, Soufiane Chouikh et Brahim Meziani. En vertu de l'article 48 des statuts du parti, ces démissions ouvraient automatiquement la voie à la convocation d'un congrès extraordinaire. Mais la démarche n'était pas à son goût et s'employait depuis, à la tête d'une aile au sein du parti, à s'opposer à la tenue de ces assises en répétant que "seul le conseil national, instance souveraine entre deux congrès, est à même de convoquer un congrès extraordinaire et de mettre sur pied une commission de préparation". Depuis plusieurs mois, une lutte féroce en sourdine opposait son aile à celle conduite par l'actuel premier secrétaire Hakim Belahcel et la commission de préparation conduite par l'ex-premier secrétaire, Mohamed Nebbou. L'une comme l'autre s'appuient sur une interprétation des statuts du parti. Après la tenue, il y a quelques jours d'un prétendu "conseil national", dont rien n'a filtré, Ali Laskri annonce donc sa démission. Mais comme souvent, il semble accuser, de façon sibylline, l'autre aile de s'inscrire dans l'agenda du pouvoir. "Aujourd'hui, le régime en déficit de légitimité veut asseoir sa feuille de route dans le cadre d'une démocratie de façade, neutraliser le mouvement révolutionnaire pacifique et la conférence nationale indépendante du pouvoir, c'est-à-dire une véritable alternative démocratique, élire une assemblée constituante prélude à l'avènement de la deuxième république." Toutefois, il ne manque pas de souhaiter bonne chance aux participants. "L'heure est à la mobilisation pour la transition démocratique, l'histoire jugera les actes de chacun. Le combat continue", conclut-il.