Le coordinateur de l'instance présidentielle du Front des forces socialistes (FFS), Ali Laskri, contre-attaque. Un peu plus d'une semaine après la démission annoncée de trois membres, Cherifi Mohand-Amokrane, Chioukh Sofiane, Meziani Brahim, de l'instance présidentielle du parti, que d'aucuns ont vu comme un début de sortie de la crise dans laquelle celui-ci s'est enlisé, l'ancien premier secrétaire sous la direction d'Aït Ahmed a réagi en assimilant la démission "non actée" de ses anciens camarades au sein du présidium à une tentative de mettre le parti entre les mains de l'administration. "La démission non actée de trois membres de l'instance présidentielle démontre une nouvelle forme de mise du FFS entre le bon vouloir de l'administration", a soutenu Ali Laskri dans une lettre aux militants et aux militantes du FFS rendue publique hier. Et à Laskri de citer "la convocation de la CPCN (commission de préparation du congrès national, ndlr) d'une manière antistatutaire, les vraies-fausses démissions de l'instance présidentielle, la direction nationale non réunie dans toute sa composante (instance présidentielle, comité d'éthique et secrétariat national), le conseil national non convoqué, étant le seul habilité à trancher quelle que soit la situation". Visiblement bien décidé à ne pas lâcher les rênes du parti à ses adversaires, Ali Laskri a qualifié leur démarche de "coup de force statutaire". "Le comité ad hoc n'ayant pas abouti dans la mission qui lui est dévolue, la note du 11 août 2019 est de fait annulée, et la proposition de convoquer la CPCN, réduite à 18 au lieu de 27 membres avec la présence de parlementaires exclus du parti depuis une année, en évitant la convocation d'une réunion de la direction nationale pour évaluer la mission de la commission, démontre la fuite en avant et le coup de force antistatutaire", explique-t-il, ajoutant que "la tenue d'un congrès extraordinaire n'aura pour finalité que de faire perdre du temps et de neutraliser le parti en vue de la mise à mort du PAD et, par ricochet, la révolution populaire et pacifique". C'est à peine si Ali Laskri n'accuse pas ses pourfendeurs d'être actionnés par le pouvoir en place qui veut faire d'une pierre trois coups, à savoir en finir avec le FFS, le PAD et le hirak. Légaliste, l'ancien premier-secrétaire du parti estime qu'il n'y a point de solution en dehors de la convocation d'un congrès ordinaire. "J'appelle les militants du Front des forces socialistes à se rassembler pour un congrès national ordinaire rassembleur, à unir leurs énergies et à rester vigilants face aux tentatives de coups de force qui visent à réduire le parti à un appareil éloigné du peuple et à l'inscrire dans l'agenda du régime", a-t-il lancé non sans appeler les militants de son parti à "continuer la préparation du congrès ordinaire dont les membres de la commission de préparation — CPCN — ont été élus par la base militante et le conseil national" mais aussi à "contrecarrer le passage en force antistatutaire". Ali Laskri a promis de "mener avec force" cet "ultime combat politique" pour, dit-il, "sauvegarder la ligne politique du FFS qui dérange le régime", mais aussi pour faire barrage aux "contre-révolutionnaires embusqués dans le parti, inféodés au régime et qui n'ont jamais accepté le congrès extraordinaire du 20 avril 2018". Leur seul objectif est de gagner du temps pour terminer leurs mandats électifs et s'inscrire encore dans le processus de normalisation autoritaire, électoral, en opposition au processus démocratique revendiqué par le peuple algérien depuis le 22 février 2019. Avec cette sortie d'Ali Laskri, il est clair qu'il n'y aura pas de solution consensuelle à la crise à rebondissements que vit le parti depuis plusieurs mois.