Le vignoble d'Aïn Témouchent a connu une réduction draconienne. Des 68 000 ha de vigne en 1962, il ne reste que 3 000 ha en 2020 avec une moyenne de 161 000 quintaux de raisin de cuve en 2020 contre 4 millions de quintaux en 1962. Sous le double effet d'une politique "d'arrachage-substitution" dont on n'a pas mesuré l'ampleur des conséquences et de la vieillesse des plantations, le vignoble d'Aïn Témouchent a connu une réduction draconienne des superficies car des 68 000 ha de vigne en 1962, il ne reste que 3 000 ha en 2020 avec une moyenne de 161 000 quintaux de raisin de cuve en 2020 contre 4 millions de quintaux en 1962 avec un appareil de transformation et de stockage réduit à quelque 18 caves actuellement dont 17 portées à l'actif de la Coopvit (une coopérative de 200 viticulteurs) et une cave à l'ex-ONCV sur les 300 qui faisaient la fierté des viticulteurs au lendemain de l'indépendance. Nonobstant la très forte régression de l'emploi permanent. Déjà en 1995, une étude élaborée par la Chambre nationale d'agriculture a fait ressortir que l'assiette viticole minimale de la wilaya doit être de 30 000 ha, soit 17% de la S.A.U. Un objectif qualifié à cette époque de modeste, mais néanmoins, très ambitieux eu égard aux potentialités locales et à l'effort et aux moyens très importants qu'un tel programme exige. Sur le volet de la commercialisation, c'est l'ex-ONCV, actuelle Sotravit (Société de transformation des produits viticoles), qui détient le monopole. Puisqu'en dehors de la fabrication des vins et alcools et leur mise en bouteilles, elle assure l'écoulement tant au niveau national qu'à l'exportation. La Coopvit freinée par l'absence d'acte de propriété de ses biens La coopérative de services, qu'est la Coopvit, qui dispose de l'infrastructure de transformation et de stockage, ne peut qu'accroître sa technologie en matière de vinification et de stockage. Seulement, cette infrastructure lourde, tant sur le plan des constructions que des équipements qu'elle renferme, s'effrite de jour en jour par l'impossibilité d'assurer sa maintenance et son entretien. Ainsi, la relance de la viticulture en tant que source de revenu, d'emplois, de produits alimentaires et aussi comme protection du milieu est une nécessité vitale pour la wilaya d'Aïn Témouchent. Cependant, sur les 26 caves, biens de la Coopvit, réparties à travers la wilaya, 9 caves ont fait l'objet d'un désistement au profit de la wilaya sous l'unique condition que le montant payé en 1997 (13 millions de dinars) par la coopérative pour le compte de la direction des Domaines soit déduit du montant de l'assiette foncière des 17 caves restantes. Sur ce problème, Tewfik Brahim Safi, directeur de le Coopvit, nous apprendra qu'une main levée fut délivrée par l'agence Badr d'Aïn Témouchent en date du 29 juillet 1997. "Jusqu'à maintenant, nous ne ne disposons pas d'acte de propriété ni d'acte de concession. Nous sommes dans une situation de blocage, et ce, en dépit des nombreuses correspondances adressées aux autorités compétentes et qui sont restées lettre morte. Nous pensons recourir à la justice", regrettera M. Brahim. Il va sans dire que la capacité globale des 17 caves, dont 12 caves de vinification et de stockage et 5 caves destinées pour le stockage seulement, est de 250 000 hectolitres avec une capacité unitaire qui varie entre 15 000 et 40 000 hectolitres par cave, alors que les prévisions de raisin à vinifier attendues lors de la prochaine campagne des vendanges se situent entre 70 000 et 80 000 quintaux. Sur le plan de la main d'œuvre, il y a un apport bénéfique car pour un hectare de vigne, nous avons entre 70 et 100 journées de travail sur toute l'année. "Avec ce blocage, Coopvit ne produit même pas de vin. Elle le fait en partenariat avec un transformateur privé qui exporte une infime partie en utilisant les moyens de vinification de la coopérative car notre contrat de partenariat avec l'ex-ONCV apris fin en 2006 avec l'entrée du privé", nous a expliqué le directeur de la Coopvit.
Changement de sigle pour répondre aux besoins de l'heure De son côté, Delbez Hamida, directeur de l'unité de la Sotravit (Société de transformation des produits viticoles, ex-ONCV) d'Aïn Témouchent, dont le siège se trouve à Kéroulis à proximité de la localité de Chentouf sise à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, nous apprendra que son unité dispose de cinq fermes dont trois dans la wilaya d'Aïn Témouchent et deux à Tlemcen qui livrent leurs récoltes au même titre que certains producteurs privés. L'historique organisme de vinification et de commercialisation du vin est prêt à accueillir les premières livraisons de récoltes de cette campagne des vendanges 2019-2020. D'ailleurs, le démarrage du contrôle de maturité est prévu pour être lancé dès cette semaine. Ce qui permettra de fixer la date du lancement officiel de la campagne des vendanges dans les fermes de la Sotravit pour ce qui est des cépages précoces, tandis que pour les cépages nobles, les vendanges seront lancées vers le 30 juillet, et les cépages dits de saison à partir du 15 août. "D'une capacité de stockage de 10 000 quintaux ou 6 000 hectolitres environ, notre cave de Kéroulis, qui est unique, est fin prête pour accueillir la récolte livrée aussi bien par nos fermes que par le privé, alors que nous avons lancé les contacts avec les viticulteurs. Pour ceux qui sont éloignés de la cave, une prime de transport leur sera attribuée, y compris pour ceux limitrophes, et ce, au prorata de la quantité livrée, laquelle prime sera ajoutée au prix du quintal, sachant que lors de la précédente campagne, le prix a été fixé à 4 500 DA/quintal plus la prime de transport fixée à 200 DA, afin d'encourager les producteurs", a tenu à préciser M. Delbez. Il est utile de rappeler que la superficie globale à vendanger dans les fermes de Tlemcen et d'Aïn Témouchent est estimée à 302 ha, qui renferment aussi bien les cépages classiques que ceux dits améliorateurs qui sont livrés à Aïn Témouchent et à Mascara, sachant que la cave d'Aïn Témouchent ne réceptionne que les cépages classiques, tels qu'Alicante et Grenache, tandis que les cépages améliorateurs seront transférés directement vers la cave de Sotravit implantée à Mascara dans des conditions hygiéniques, à l'image du Pinot, Merlot, Syrah, Cabernet Sauvignon, appelés communément vins de cépage dans la mesure où ils bénéficieront d'une vinification séparée pour un vin de qualité. "Notre vin est aussi transféré en vrac vers l'unité de Bourkika dans la wilaya de Tipasa, qui possède un process de fabrication spécial dans son laboratoire", a indiqué Delbez Hamida, tout en ajoutant qu'"auparavant, on signait des contrats avec les viticulteurs au début de chaque année où on leur assurait des avances pour l'entretien de leurs vignes. Mais plus maintenant, surtout avec le phénomène de l'arrachage massif des vignes. Ce qui a accentué la disparition de la vocation viticole d'Aïn Témouchent, surtout que les deux instituts, que sont l'Institut de technologie moyen agricole (ITMA) et l'Institut de technologie des arbres fruitiers, ne jouent plus leurs rôles, et que l'Etat devra relancer, afin qu'ils reprennent leurs missions". Pour information, la chaîne de mise en bouteille de Kéroulis a fait l'objet d'un acte terroriste en 1992, et à ce jour, elle ne fonctionne plus. "Donc, nous nous contentons de la vinification du produit avant qu'il ne soit transféré à Bourkika (ex-Isserville), dans la wilaya de Tipasa, alors qu'à l'Ouest, nous possédons de deux chaînes de mise en bouteilles, l'une basée à Oran et l'autre à Mostaganem", dira notre interlocuteur. Plusieurs projets prévus pour être réalisés à court terme dans le cadre de l'extension et de la diversification des activités de la Sotravit. En attendant la délivrance de l'agrément, la toute nouvelle vinaigrerie est entrée en production avec une technique traditionnelle (bio) et dont la production dépendra de celle vitivinicole. Cependant, concernant les projets de la Sotravit, prévus à court et moyen termes, figure en bonne place la distillerie de Hassi El-Ghella dont l'avis d'appel d'offres vient d'être lancé tout récemment par la Direction générale de Sotravit (ex-ONCV). "Cela fait partie de la nouvelle politique de Gvapro (Groupe de valorisation des produits agricoles) créé en 2017 dont la Sotravit (ex-ONCV) est une filiale pour satisfaire les besoins du marché national en alcool, dans un premier temps, sachant qu'il est fabriqué à partir des restes des légumes qui sont récupérés et transformés. Ce sera au tour de la production du jus de raisin qui sera lancée tout prochainement, un projet ambitieux qui fait partie de la mission de Gvapro", nous explique M. Delbez. La wilaya d'Aïn Témouchent doit reprendre sa vocation de région viticole qui englobe les vins, le vinaigre, l'alcool pharmaceutique, les raisins secs, le jus de raisin et le sucre de raisin. Réalisé par : M. LARADJ