La Chine a accusé hier le chef de la diplomatie britannique de répandre des "calomnies" après ses propos dénonçant les "atteintes graves" aux droits de l'Homme contre la minorité musulmane ouïghoure au Xinjiang (Nord-Ouest). "Il est clair qu'il y a des atteintes graves, choquantes aux droits de l'Homme" dans cette région, a déclaré dimanche le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, à la télévision BBC. "C'est profondément, profondément choquant." "Nous voulons une relation sérieuse (avec la Chine) mais nous ne pouvons voir un tel comportement et ne pas le dénoncer", a ajouté M. Raab. "Ces propos sont purement et simplement des mensonges et des calomnies", a répondu hier, lors d'une conférence de presse, Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. "La question du Xinjiang n'est pas une question de droits de l'Homme, de religion ou de groupe ethnique. C'est une question de lutte contre la violence, le terrorisme et le séparatisme", a-t-il souligné. La région du Xinjiang, qui compte environ 25 millions d'habitants, a longtemps été frappée par des attentats meurtriers, attribués par Pékin à des séparatistes ou des islamistes. Elle fait l'objet depuis quelques années d'une ferme reprise en main. Plus d'un million de musulmans, notamment des Ouïghours, sont ou ont été internés dans des camps du Xinjiang, affirment Washington et des organisations internationales de défense des droits de l'Homme. La Chine dément ce chiffre et affirme qu'il s'agit de centres de formation professionnelle, destinés à aider la population à trouver un emploi, afin de l'éloigner de la tentation de l'extrémisme. Un chercheur allemand, Adrian Zenz, affirme, par ailleurs, dans une récente étude publiée par une organisation américaine, que des Ouïghoures sont soumises à des stérilisations forcées. Accusations que Wang Wenbin a rejetées, affirmant que la population ouïghoure avait plus que doublé en l'espace de 40 ans. Les relations sino-britanniques ont viré à l'aigre ces dernières semaines sur plusieurs sujets. Le Royaume-Uni a cédé la semaine dernière aux pressions des Etats-Unis et a ordonné le retrait progressif de son réseau 5G de tout équipement produit par le géant chinois des télécoms Huawei, malgré les menaces de représailles de la Chine. Les tensions sont également vives à propos de Hong Kong. Londres dénonce l'imposition fin juin par Pékin d'une loi sur la sécurité nationale dans son ancienne colonie, y voyant une "violation manifeste" de l'autonomie locale. R. I./Agences