Le commissaire A. Derar, chef de section de la police judiciaire relevant de la sûreté de daïra de Sidi M'hamed, n'arrive pas à contenir son émotion en relatant les faits de l'agression sauvage dont a été victime, mardi à 12h15, une jeune fille de 29 ans au niveau du 106, rue Didouche-Mourad (Sacré-Cœur). Cette dernière, avocate de formation, parlait au téléphone portable à une collègue quand l'agresseur l'accosta et se mit à l'importuner. Elle se met à décrire à sa correspondante “les caractéristiques” du quidam qui lui fait face. Mal lui en prit. En quelques secondes, son visage est sillonné de bout en bout par une profonde balafre. L'agresseur reste un bon moment sur place, jette à quelques mètres la lame de rasoir utilisée dans un chewing-gum et s'en va tranquillement. Pendant ce temps, la jeune fille s'affole en constatant qu'elle saigne abondamment. Elle essaie d'arrêter des automobilistes complétement insensibles à ses cris de détresse. Un émigré finit par s'arrêter et l'emmener à l'hôpital où elle est restée en observation compte tenu de son état de choc. À partir du signalement donné sur les vêtements, la police quadrille les quartiers avoisinants. À 18h, l'agresseur, âgé de 25 ans, est arrêté. Ce dernier avoue avoir commis le forfait en déclarant simplement : “Elle était belle.” Mais il n'avait ni la bosse ni la passion de Quasimodo. Le repris de justice sera présenté aujourd'hui devant le procureur de la République. Cette agression, qui n'est ni la première ni la dernière dans les quartiers d'Alger, laisse tout de même planer des interrogations sur le comportement de beaucoup de citoyens qui ont perdu tout sens civique, notamment l'assistance à personne en danger et qui se constate par l'indifférence devant de telles circonstances. Le commissaire Dérar lance un appel à la population afin d'agir en tant que citoyens mus par le sens du devoir. Cependant, dans le point de presse animé hier par la cellule de communication, le commissaire principal chef de sûreté de daïra de Sidi M'Hamed, Salah Nouasri, a rappelé que dans le cadre de la nouvelle stratégie initiée par le chef de sûreté de wilaya, Abdrabi Abdelmoumen, une opération de nettoyage dans les quartiers de la capitale les plus exposés à la criminalité a été mise en place ces dernières 72 heures. Depuis le début du mois en cours, près de 1 000 arrestations ont été enregistrées. 60 personnes inculpées dans des affaires de détention d'armes prohibées ou de stupéfiants ont été présentées devant la justice. Concernant les points noirs (Meissonnier, Ali-Mellah, Tafourah, parc de la Liberté, etc.), on apprendra que les sections de la police judiciaire compétentes effectueront des descentes régulières afin de sécuriser ces quartiers avant le mois de Ramadhan. ALI FARES